Didier Chenet : Le 3ème trimestre 2014 marque une nouvelle baisse d'activité de : - 0.5 % pour les hôtels, - 1.5 % pour les hôtels restaurants,- 3 % pour les TOR, - 4.5 % pour les restaurants,- 6 % pour les cafés bars. En un an la baisse d'activité enregistrée par le secteur est en moyenne de 3 %. (…) Aujourd'hui nos marges sont exsangues. (…)Un tiers des professionnels font état d'une nouvelle dégradation de leur trésorerie en cette fin d'année. (…) Je demande qu'un véritable effort soit fait pour abaisser le coût du travail.
Carole Delga : Le Crédit d'Impôt Compétitivité Emploi, ou CICE, a constitué une première avancée, pour diminuer directement le coût du travail. Pour ceux d'entre vous qui ont des salariés, c'est un ballon d'oxygène et vous pouvez en bénéficier immédiatement, sans attendre de recevoir votre avis d'imposition. Il y a en effet un dispositif de préfinancement à hauteur de 80% de la réduction d'impôt dès l'année en cours. En première lecture du Projet de loi sur le budget 2015, le crédit d'impôt est reconduit pour 3 ans. Avec le Pacte de Responsabilité, le Président de la République, François Hollande, a souhaité aller beaucoup plus loin que le CICE tout en conservant la même philosophie : des baisses de cotisations ciblées sur l'emploi, en y ajoutant un soutien au pouvoir d'achat des salariés les plus modestes. Pour les travailleurs indépendants, le Pacte de responsabilité permet aussi d'alléger les charges, à partir du 1er janvier 2015. Et dès 2015, la C3S est supprimée pour les TPE, ainsi que pour de nombreuses PME. Il y a aussi la suppression des cotisations patronales pour le SMIC, et dégressif jusqu'à 1,6 fois le SMIC. Et des baisses de charges sont également prévues pour 2016 dans le cadre du pacte. (…) Nous soutenons votre secteur sur le plan économique en agissant sur le fonds de modernisation de la restauration. Dans les semaines qui viennent, nous l'adapterons de manière à ce qu'il soit plus opérationnel et conforme aux besoins des restaurateurs. Il y a également le dispositif de garantie de la BPI par les crédits de trésorerie des entreprises, jusqu'à 50 000 euros. Cela va vous permettre plus de facilités et de flexibilité pour l'accès au financement.
Contrat de travail de 24 heures minimum
Didier Chenet : A trop vouloir protéger ses salariés en imposant une durée minimale de travail de 24 h par semaine, nous les avons exclus du monde du travail.
Carole Delga : Nous y travaillons en interministériel.
Internet
Didier Chenet : Je propose une loi numérique rendant la norme Afnor obligatoire (…) et la création d'un observatoire des pratiques numériques. (…) Les OTAs pillent chaque jour nos marques, les noms de nos établissements, pour générer du trafic sur leurs propres sites. (…) Dès qu'un moteur de recherche est informé de l'abus du pillage de marque auquel se livre un annonceur, pièces à l'appui, l'annonce doit être retirée sans délai. (…) Ces moteurs de recherches doivent aussi se voir imposer une neutralité.
Carole Delga : Le Gouvernement a engagé des actions en justice contre certains acteurs qui ont des pratiques abusives dans la relation contractuelle avec les hôteliers. Nous continuerons à agir et à être mobilisés pour équilibrer les relations commerciales. C'est aussi le rôle de l'Etat d'être garant de l'ordre public économique.
Statut d'artisan cuisinier
Didier Chenet : En le faisant vous allez créer une caste dans nos restaurants faisant fi de la notion d'équipe. (…) Nous sommes vent debout contre un tel projet. (…) 60 % de nos touristes étrangers viennent pour notre cuisine. Il nous faut valoriser ce savoir-faire et pour ce faire je vous propose de réserver les noms de restaurants et de traiteurs organisateurs de réception à ceux de nos professionnels qui cuisinent à base de produits bruts.
Carole Delga : La gastronomie n'est pas seulement notre identité, notre culture, c'est aussi un secteur économique important. (…) Le Gouvernement a donc une politique globale de valorisation de la gastronomie. (…) Concernant le statut d'artisan cuisinier : Je sais qu'il y a des craintes à ce sujet mais nous ne voulons ni compliquer ce qui existe déjà, ni créer de nouvelles contraintes. Au contraire. Il s'agit tout simplement de valoriser le cuisinier. Et je tiens donc à vous assurer que nous continueront à en discuter afin d'aménager des modalités souples et de ne pas alourdir les obligations des professionnels. Le statut d'artisan pourra être adopté sur la base du volontariat.
Publié par Sylvie SOUBES