Qui sont les jeunes qui intègrent des lycées hôteliers aujourd’hui ? À quoi rêvent-ils ? Quelles sont leurs attentes ? Quelles sont les spécificités de cette génération Z et de la suivante - dite génération alpha - qui se profile déjà ? Autant de questions qui ont servi de fil conducteur aux ateliers et échanges du 30e congrès de l’Association française des lycées d’hôtellerie et de tourisme (Aflyht), qui a eu lieu du 3 au 5 avril 2024 à Gérardmer (Vosges) et réuni 250 participants. “Nous voulions mieux comprendre cette jeunesse et mieux cerner aussi sa façon d’apprendre, afin de pouvoir adapter nos techniques pédagogiques”, explique Christophe Joublin, président de l’Aflyht. Si bien que la sociologue Rose Ollivier, directrice de l’observatoire de l’EHESS The Boson Project sur le travail et l’entreprise, est venue en renfort pour analyser les envies et les besoins des jeunes des années 2020. “Des jeunes qui ont la bougeotte et ne s’attardent plus dans une même entreprise. Des jeunes qui se disent intéressés par le secteur de l’hôtellerie et de la restauration, mais qui font passer la prise en compte de l’humain avant tout. Des jeunes qui ont du mal à se projeter, mais restent motivés”, selon une étude menée auprès de 400 élèves par un cabinet de conseil sollicité par l’Aflyht.
“Les jeunes s’interrogent beaucoup sur leur avenir”
Le recrutement a également été au cœur des discussions. Car il faut séduire les jeunes pour les attirer, puis tenter de les fidéliser. Pas évident. “Surtout qu’ils n’ont pas la même approche que nous de la valeur travail”, souligne Christophe Joublin. Le président de l’Aflyht, également directeur délégué à la formation professionnelle et technologique au lycée Rainier III de Monaco, parle d’une jeunesse “qui interpelle et ne manque pas d’affect, mais dont la philosophie est différente de la nôtre quant au monde du travail”. “Les jeunes sont inquiets, poursuit-il. Ils s’interrogent beaucoup sur leur avenir.” Il faut donc les rassurer. Ce qui ne passe pas forcément par des cours en distanciel. “En particulier pour le geste, la répétition du geste ou encore pour l’apprentissage du goût”, insiste Christophe Joublin. Présent au congrès, Michel Lugnier, inspecteur général de l’Éducation nationale, a enfoncé le clou en expliquant la pertinence de l’“approche par compétences”, une méthode d’enseignement qui tient compte, justement, de l’évolution et des attentes des jeunes apprenants du moment.
Prochain congrès à Saint-Malo
Par ailleurs, le congrès de Gérardmer a permis à l’Aflyht de nouer officiellement des liens avec le futur Centre national de la gastronomie. Par décision du président de la République, Emmanuel Macron, ce campus verra le jour en région Auvergne-Rhône-Alpes. Il se divisera entre l’Institut Lyfe à Écully (Rhône) et le CFA de Groisy (Haute-Savoie). Enfin, si les thèmes du prochain congrès de l’Aflyht feront l’objet de réflexion à partir de juillet, dates et lieu sont d’ores et déjà arrêtés. La 31e édition du congrès annuel de l’association aura lieu du 19 au 21 mars 2025 à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine).
Publié par Anne EVEILLARD
mercredi 17 avril 2024