Le vendredi 29 janvier, la gendarmerie débarquait, sur dénonciation d'un voisin, dans le café-restaurant le Village à Auvernaux dans l'Essonne, où une vingtaine de personnes déjeunaient à l'abri des regards. Le restaurateur, Stéphane Pinabel, était cité à comparaître, ce mardi, devant le tribunal correctionnel d'Evry pour mise en danger de la vie d'autrui (article 223-1 du code pénal). “Je ne vais pas m’enfuir”, a promis Stéphane Pinabel aux gendarmes pour échapper aux menottes. “J’ai été emmené au poste toutes sirène hurlantes et placé quatre heures en cellule avant une audition d’une heure avec prise de photos et d’empreintes, comme un criminel. Je suis ressorti à 19 heures, après cinq heures de garde à vue, avec une convocation au tribunal correctionnel d’Evry pour le délit de mise en danger de la vie d’autrui. Je suis retourné à la gendarmerie la semaine dernière pour me faire notifier un avertissement du préfet”, explique l’unique restaurateur d’Auvernaux.
“Dans une commune de 400 habitants, ce n’est pas simple de faire de la vente à emporter mais si j’ai accueilli une vingtaine de clients ce vendredi-là, c’était aussi par détresse sociale. Nous avions besoin de nous retrouver”, explique le patron du café-restaurant le Village, où les clients sont entrés déjeuner par le portail arrière : “Je récuse être un restaurant clandestin, illégal peut-être, mais pas clandestin. Je paye mes licences. J’ai reconnu les faits dans leur intégralité. Mais les clients étaient espacés. Il y avait du gel hydro-alcoolique. Ce n’était pas la brigade de Mennecy, qui fréquente mon établissement, mais celle de Ballancourt-sur-Essonne qui est intervenue. C’est vrai, j’ai empêché les gendarmes d’entrer pour laisser le temps à mes clients de s’enfuir par la fenêtre et échapper aux verbalisations. Du coup, ils ont appelé des renforts”, se souvient Stéphane Pinabel.
“La peur de servir d'exemple”
Le restaurateur s'est rendu aujourd’hui, seul, devant ses juges. “Je suis en instance de divorce, j’ai donc un avocat mais avec des honoraires d’un millier d’euros, j’ai préféré me présenter à l’audience sans défenseur avec, pourtant, la peur de servir d’exemple”, ajoute-il avec sincérité. “J'avais prévenu mes clients que je ne ferais pas de vente à emporter aujourd'hui pour être au trinunal à 13 h 40. Sur place, à l'heure, j'ai été convoqué dans le bureau de l'adjoint du procureur qui m'a notifié que l'audience était reportée à une date ultérieure. Il n'aurait pas reçu le dossier de la gendarmerie ! Je devrais être recontacté dans trois semaines pour me voir signifier une nouvelle date d'audience”, regrette Stéphane Pinabel, qui peine à cacher son inquiétude et son désarroi face à une situation qui tarde à se régler.
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Publié par Francois PONT
mercredi 3 mars 2021