Mardi 14 juin, la manifestation organisée à Paris contre la loi travail
a, une nouvelle fois, été le théâtre de violences sur le chemin du cortège. Les
restaurateurs étaient encore en première ligne. Face à l'hôpital Necker, dont
les façades fracturées sont pansées comme des blessures, Rudy Hallard,
propriétaire du Duroc, enrage devant sa machine à croque-monsieur. "Ça a
chauffé dur mais, cette fois, j'avais baissé le rideau en fer. Il y a trois
semaines, je me suis fait casser mes deux paravents lors d'une autre manifestation
contre la loi travail. Je n'en peux plus. Mardi dernier, 200 casseurs
devançaient le cortège alors qu'il fallait les mettre en queue. Ils voulaient
en découdre avec les CRS et étaient équipés en conséquence. J'en ai marre de la
France, on ne peut plus travailler."
"Nous
n'avons pas eu le coeur de rouvrir ensuite"
De l'autre côté du carrefour, Gérard Boudon, propriétaire de la
brasserie Le François Coppée, est plus résigné. "J'ai été protégé par les
curieux qui faisaient une barrière humaine devant mon établissement. Nous
avions fermé bien avant l'arrivée du cortège, surtout la terrasse pour qu'elle
ne serve pas de projectile. Nous n'avons pas eu le coeur de rouvrir ensuite. La
police nous avait avertis trois jours avant. Le concessionnaire en face avait
dès le matin recouvert ses vitrines de panneaux en bois. Les casseurs ont
détaché le marbre des façades de magasins, descellé les pavés dans les squares
pour les jeter sur les forces de l'ordre, c'était ultra violent. J'ai eu une
vitre et les néons de mon enseigne cassés. J'ai changé d'assurance et j'ai désormais
une franchise de 500 € que je redoute. La dernière fois que nous avons eu
de la casse, c'était il y a quinze ans lors de manifestations étudiantes."
En fin de parcours, sur le boulevard des Invalides, Bruno Masson,
propriétaire du Café du musée, n'en revient pas de s'en être si bien sorti :
"Il y a eu des dégâts en amont alors les policiers encadraient fermement les
casseurs en fin de manifestation. Certains CRS marchaient même à reculons. Un
cordon de policiers était aligné devant mon restaurant", soupire de
reconnaissance le restaurateur, qui ne déplore même pas un verre cassé.
Publié par Francois PONT