Tatiana Levha, 30 ans, a commencé à cuisiner parce qu'elle aime manger. La jeune femme travaille deux ans avec Alain Passard, (L'Arpège, Paris VIIe) et deux ans avec Pascal Barbot (L'Astrance, Paris XVIe). Puis elle part voyager à travers l'Asie (huit mois), où elle apprend beaucoup des cuisines qu'elle observe, mais aussi sur ce qu'elle aime manger. De retour en France, elle se frotte à la culture bistrotière de Raquel Carena et Philippe Pinoteau avec quelques coups de main donnés au Baratin (Paris XXe), "une vraie rencontre" selon elle avant d'ajouter "un endroit où j'ai beaucoup mangé aussi". Le plaisir de la dégustation revient souvent dans les propos de la jeune femme : "Si c'est bon pour soi, alors c'est bon pour les autres. C'est ce que j'ai appris auprès des chefs avec qui j'ai travaillé".
L'année dernière, sa soeur Katia Levha revient du Mandarin Oriental de Londres où elle a complété son cursus par une formation en management. "Nous avions envie d'être chez nous et d'accueillir les gens", sourit Tatiana Levha. Avec un ami de la famille comme troisième associé, les deux soeurs choisissent un bar de quartier des années 1980 à restaurer. En cassant tout, de magnifiques plafonds peints et des moulures apparaissent. La mosaïque au sol est elle trop abîmée, mais le carrelage est refait à l'identique. Les 38 places assises sont installées, dont quelques-unes au bar. Tatiana Levha a également souhaité une ouverture de la cuisine sur la salle : "Je voulais voir les gens".
Un lieu de complicité
Pour l'accompagner en cuisine, Tatiana Levha a tout de suite pensé à Baptiste Day, son "frère de cuisine", qu'elle connaît depuis L'Arpège et L'Astrance. "J'aurais eu l'impression que c'était impossible sans lui." Avant d'ouvrir, ses associés et ses proches, lui demandent quelle sera la cuisine servie. Tatiana Levha n'en a aucune idée. C'est finalement avec ses frigos pleins et l'ouverture du lieu qu'elle se décide. La formule du déjeuner (19 et 23 €) et la carte du soir (40-45 €) change tous les jours, "selon les produits et ce que l'on a le temps de faire".
Katia Levha est en salle et au choix des vins. "La carte est encore incomplète, mais je voulais ne mettre que des vins que je connaissais et que j'aimais." Travailler avec sa soeur la réjouit. "Nous n'avons pas besoin de nous parler. Nous sommes complémentaires et je ne l'aurais pas fait avec quelqu'un d'autre." Depuis le 7 avril, les amis et les gens du quartier viennent en nombre pur déguster les Coques, piment, basilic, les Asperges vertes, crème tandoori, poutargue, le Canard, mousse de foie, jus au sang…
Publié par Caroline MIGNOT