Devenir cuisinier sur un yacht

Alpes Maritimes Exercer comme cuisinier dans le yatching se révèlera à coup sûr très rémunérateur. Pourtant, dans ce microcosme dominé par les Anglo-saxons, il faut connaître certaines règles et bien choisir sa monture.

Publié le 15 février 2013 à 16:52

Pascal Besnard, 48 ans et Damien Perrinel, 28 ans, ne se connaissent pas mais ont une histoire similaire. Les deux cuisiniers français, au profil Relais & Châteaux, ont embarqué la première fois presque par hasard : "Pendant le festival du film, on est venu me débaucher dans le restaurant cannois où je travaillais pour faire des extras sur des bateaux", explique Pascal Besnard, ancien élève de l'école hôtelière de Dinard (35). "Je travaillais à la Réserve de Beaulieu lorsqu'un collègue d'apprentissage m'a demandé de le remplacer comme chef exécutif sur le Christina O, le yacht de 99 mètres d'Aristote Onassis devenu la propriété d'un milliardaire irlandais", explique de son côté Damien Perrinel, formé à la Chataigneraie de Sucé-sur-Erdre (44). 

Jusqu'à 10 000 € par mois

"J'avais le goût des voyages mais surtout mon salaire en mer a été multiplié par trois pour atteindre certains mois 10 000 €, sans cotisations sociales cependant", précise Pascal Besnard. Damien Perrinel parle d'une moyenne sur l'année de 6 000 € mensuels avant de conclure : "Les journées de travail sont très lourdes. Mon record c'est 27 heures d'affilées". Lorsque les clients sont à bord, ce qui n'est pas toujours le cas, les cuisiniers doivent être disponibles 24 heures sur 24 : "La clientèle est exigeante et il faut avoir d'autres compétences que la cuisine : parler anglais, avoir de la psychologie, être humble et ne pas s'emporter", détaille Pascal Besnard. "Le milieu est dominé par des Anglo-saxons qui ne sont pas très bienveillants à notre égard. Sur le deuxième bateau où j'ai été affecté, un 40 mètres, on me trouvait arrogant car j'étais trop direct. Le yachting est un monde hypocrite où l'on ne dit pas les choses", ajoute Damien Perrinel, qui envisage de rejoindre la terre ferme après deux ou trois saisons.

Pour obtenir les meilleurs salaires et conditions de travail, il existe une règle simple : embarquer sur des gros bateaux. "Sur les 30 mètres les salaires ne suivent pas ; sur les 50 mètres, la charge de travail est trop lourde", explique le chef breton. "Sur les plus de 50 mètres, l'équipage est nombreux comme sur le Christina O où j'avais un second, un chef pâtissier, deux plongeurs et surtout un cuisinier pour le personnel. Mon deuxième poste sur un 40 mètres s'est révélé plus dur, car j'étais seul. Je faisais le marché à 6 heures, puis trois repas par jour pour le personnel et les clients, la plonge et les commandes. Épuisant !", conclut Damien Perrinel qui vient d'embarquer à Monaco sur le yacht d'un milliardaire russe. En outre, les cuisiniers ont du faire des démarches nécessaires : "Je me suis inscrit chez tous les brokers, les compagnies qui ont des contrats de gestion avec les propriétaires de yacht. Ils sont pour la plupart installés à Monaco et à Antibes. Leur mission est aussi de fournir du personnel comme les cuisiniers mais celui qui a le dernier mot pour le recrutement, c'est le capitaine. Ils s'appellent entre eux pour recommander des gens. C'est un milieu de cooptation comme dans les maisons bourgeoises", explique Pascal Besnard, qui a débarqué deux ans avec un client pour le suivre en Toscane et recherche aujourd'hui un poste sur un yacht de plus de 70 mètres de préférence.


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Publié par Francois PONT



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