Ils sont 75 000 restaurants, 3 000 discothèques et plus de 40 000 bars à avoir reçu, samedi 14 avril, l’ordre de baisser le rideau de leur établissement dans les quatre heures et pour une période indéterminée. Une mesure prévisible au regard de la situation sanitaire. Les réseaux sociaux se sont pourtant enflammés au sujet d’une mesure estimée brutale et sans anticipation avec de graves conséquences sur les réservations, les stocks, le personnel.
Très actif sur internet, le chef montpelliérain Jacques Pourcel a provoqué plus de 650 commentaires à son post de 22 h 54, samedi soir, dans lequel il faisait part de sa colère : “Énervé...Tout le monde s'y attendait : les restaurants, bars, discothèques fermés... Les pays limitrophes l'ont fait et ça semble normal... C'est plutôt dans la forme que c'est révoltant, vraiment ils abusent... 19 h 45 juste avant le service. Le Premier ministre fait l'annonce de la fermeture imposée à tout le monde. Dans 4 h on ferme tout !!! Même pas 48 h pour se préparer, pour organiser, pour gérer les achats, les stocks ... ils le savaient c'était inévitable... aucun respect pour ceux qui bossent. Par contre demain faut aller voter...”
Le cuisinier s’indignait aussi de la méthode, en relayant le passage, dans certains établissements, de policiers qui auraient demandé, dès minuit, la fermeture “en 10 minutes”: “Les circonstances font qu'il est nécessaire de fermer, que c'est indispensable pour la santé de tous, mais à quoi ça sert de rajouter un couche de stress à tout le monde ? Même si nous dépassions de 30 minutes la fermeture et que cela se passe dans la bonne humeur, que les retardataires finissent leurs verres, est-ce que ça aurait changé quelque chose ?”
Après la colère, le pragmatisme
Dans un autre message sur Facebook, le chef Octave Kasakolu, du restaurant Les Tantes Jeanne à Paris (XVIIIe), se montrait plus fataliste : “Bon....voilà on y est. 20 personnes au chômage technique. Apres une année en compagnie des gilets jaunes, 2 mois de grèves totales et maintenant le Coronavirus. Magnifique !” Comme beaucoup de confrères, le Montmartrois se posait rapidement la question des stocks : “Les amis demain nous vidons nos chambres froides. Venez récupérer ce qui nous reste de marchandises au prix coûtant : légumes, poissons et viandes.”
Dimanche, le restaurateur parisien engagé Xavier Denamur fustigeait, dans une vidéo, la manière dont serait traitée la profession : “Dès jeudi soir, le Président aurait dû annoncer le même remède appliqué aux restaurateurs et à l’Éducation nationale. Quel manque d’anticipation. Les professeurs et les élèves ont eu une journée pour se préparer. On nous annonce à 20 h de fermer à minuit. Comment préparer ses salariés, anticiper ses commandes, gérer les stocks, annuler les livraisons. J’avais des gens en pleurs, des collaborateurs en période d’essai inquiets de la suite.”
Le cuisinier étoilé Bruno Verjus postait, juste avant l’annonce de la fermeture des restaurants, une photo humoristique avec un masque composé d’une feuille de chou. Pragmatique, après avoir tiré de rideau de son restaurant de la rue de Prague (Paris, XIIe), il postait un nouveau message informant de la poursuite de ses activités en livraison : “Si vous ne pouvez plus passer à Table, nous pouvons passer à votre Table.”
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Publié par Francois PONT