Lundi 9 septembre, le salon Sirha Omnivore proposait une rencontre autour du financement d’un restaurant conjuguant éthique et rentabilité. Voici qu’il fallait en retenir.
► Préparer le terrain
“Le plus important est d’être clair sur ses objectifs. Car selon ce que ce que vous recherchez, il y a une logique d’investissement plus adaptée à vos besoins”, débute Laurent Plantier. Restaurateur durant 18 ans et associé d’Alain Ducasse, il est aujourd’hui co-fondateur de FrenchFood Capital, société d’investissement spécialisé dans le financement en fonds propres des entreprises française de l’agroalimentaire.
Avant toute chose, préparez votre business plan. “Quand on se lance, on est un peu en lune de miel avec son projet. Il faut réussir à se réfréner et à faire un BP le plus réaliste possible”, explique Graffi Rathamohan, co-fondatrice de PNY burger.
► Quelles possibilités de financement ?
Première possibilité : l’autofinancement. Ariane Delmas a lancé Les Marmites volantes en 2012 avec trois autres partenaires. “Pour identifier l’investissement de chacun, on s’est alignés sur la somme de celui qui pouvait mettre le moins. Donc chacun a mis 15 000 € en se disant que si on perd cette somme, on perd des plumes mais ça ne nous impactera pas toute la vie”, explique-t-elle.
Il est également possible de se tourner vers ses amis et sa famille. “Ils vous ont vu comme chef et restaurateur, ils vous ont vu agir, ils ont confiance en vous. Avoir la capacité de convaincre les gens autour de vous, c’est déjà une première étape”, souligne Laurent Plantier.
Autre possibilité : se tourner vers une banque. Graffi Rathamohan explique avoir fait appel à neuf banques avant que l’une d’elle n’accepte. Elle a dû pour cela faire des concessions comme accepter un nantissement sur le fonds de commerce, une contre garantie bancaire ainsi qu’une caution personnelle.
Si le but est de développer son commerce à plus grande échelle, il faut des capitaux. Le but sera alors de se tourner vers des business angels (des investisseurs individuels) et/ou de chercher un fonds d’investissement, comme ce fut le cas pour Ariane Delmas. En 2021, soit neuf ans après avoir commencé, elle a ouvert le capital de Les Marmites volantes, fait entrer des business angels, ouvert une plateforme de financement participatif et choisi un fonds d’investissement orienté sur le développement durable.
► Quelles relations avec les investisseurs ?
“Le choix d’investisseur est crucial, il faut en choisir qui partagent ta façon de voir le monde plutôt que celui qui partage ton avis sur BP”, souligne Graffi Rathamohan. La cofondatrice de PNY Burger conseille de multiplier les rencontres afin de trouver la bonne personne.
Autre point important, “il faut être certain dès le départ qu’il n’y ait pas de malentendus. Savoir quelle est l’ambition du produit, du Capex…”, précise Laurent Plantier. Un avis partagé par Ariane Delmas qui ajoute que “la confiance de l’investisseur repose aussi sur de l’honnêteté, pas de promesse sur la rentabilité et l’engagement”. Elle conseille également d’avoir des profils d’investisseurs différents, des restaurateurs comme des purs investisseurs, afin de pouvoir les solliciter sur des sujets spécifiques.
Et une fois l’accord passé ? “On n’est pas associés, la décision reste au dirigeant, mais on est capable de l’accompagner pour l’aider sur des sujets sur lesquels il peut être plus faible”, explique l’investisseur Laurent Plantier. “J’ai des dirigeants qui m’appellent chaque semaine pour avoir des conseils, préparer des rendez-vous avec les banques… ”
Publié par Ingrid BOINET