Philippe Zecchini : On a constaté un ralentissement avant les élections présidentielles. Depuis, on a l'impression que c'est reparti, qu'il y a plus d'optimisme. Néanmoins, les chiffres d'affaires de beaucoup de commerces sont à la baisse, ce qui influe également à la baisse les prix de cession.
Quels sont les montants moyens des affaires à vendre que vous détenez en mandat ?
Sur nos 800 mandats de vente, 20 % des affaires sont estimées à moins de 150 000 €, un tiers sont valorisées entre 150 000 € et 300 000 €, le reste l'est à un prix supérieur. Globalement, le montant des cessions CHR réalisées par nos agences se situent dans la moyenne nationale du Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales [Bodacc].
Quels sont les prix moyens de cession ?
Notre périmètre étant très large, il est très difficile de répondre à cette question car il y a beaucoup d'éléments qui peuvent faire varier les prix. L'évaluation d'un fonds de commerce n'est pas une science exacte. Tout se fait au cas par cas. De manière générale, actuellement, on estime un fonds de restauration semi-gastronomique ou gastronomique à 50 % du chiffre d'affaires HT, tandis qu'un restaurant traditionnel s'évalue plutôt aux alentours de 60 %, et à 70-80 % pour un bar pur. On peut grimper à 90 % pour le bar-brasserie et pour la restauration rapide.
Les vendeurs ont-ils tendance à surévaluer leur bien ?
Oui. Lors de notre évaluation, nous analysons les résultats - CA et EBE - puis nous nous attachons aux caractéristiques de l'affaire - emplacement, état des locaux et du matériel, loyer, terrasse.... - pour parvenir à un prix que nous estimons être celui du marché, c'est-à-dire pour lequel on trouvera un acheteur intéressé et finançable. Notre valorisation professionnelle tient compte des réalités du marché.
Quels sont les produits les plus recherchés ?
L'hôtel-bureau et le glacier sont beaucoup demandés et rares à la vente.
Quel est le profil des vos clients acquéreurs ?
70 % de nos acquéreurs sont des primo-accédants attirés par le climat de la région et en quête d'une meilleure qualité de vie, qu'ils soient professionnels du secteur CHR ou non. Ces acquéreurs s'intéressent à tous types d'affaires, avec un intérêt particulier les affaires de monopole comme le tabac-presse, bar-tabac-PMU ou pour les affaires du midi ouvertes à l'année.
Quel est le délai moyen de cession ?
Il faut compter en moyenne une année pour trouver un acquéreur. Lorsque vendeur et acheteur se sont mis d'accord sur le prix, le processus de vente dure environ trois mois et demi si tout va bien.
Craignez-vous la concurrence des sites de vente entre particuliers comme Le Bon Coin ?
Nous considérons que l'aspect gratuit et amateur des sites comme Le Bon Coin a pour conséquence indirecte la dévalorisation des affaires, et nous ne pouvons pas le cautionner.
Un conseil pour les vendeurs qui s'apprêtent à céder leur affaire ?
D'une part, s'être mis aux normes PMR ou, au moins, avoir fait un audit permettant de déterminer les investissements nécessaires pour être aux normes et, d'autre part, entretenir constamment son affaire pour la maintenir en bon état.
Un conseil pour le futur acheteur ?
Vérifier que l'établissement est aux normes PMR ainsi que le coût d'obtention et d'occupation de la terrasse de l'affaire ciblée. En effet, il y a parfois un droit de première installation, qui s'ajoute à l'autorisation de voirie habituelle et au prix du fonds. Enfin, nous ne pouvons que conseiller de se faire accompagner par un agent spécialisé, sans quoi, acquérir un fonds de commerce peut être un vrai chemin de croix.
Publié par Tiphaine BEAUSSERON