Entre village et collines, le Mas Candille est le Relais & Châteaux emblématique du pays de Mougins. En avril 2011, Giuseppe Cosmai a succédé à Anthony Torkington à la direction de cet hôtel 5 étoiles, propriété de Mark Silver, qui comprend un parc de 5 ha, 35 chambres et 7 suites, spa Shiseido et restaurant 1 étoile Michelin (Le Candille). Ce Milanais de 36 ans, formé à l'Institut technique du Tourisme Artemisia Gentileschi et arrivé sur la Côte d'Azur en 1999, est de la génération des jeunes managers au parcours atypique, parfois à contre-courant, notamment sur la manière d'aborder le marché de l'emploi et le recrutement sur la Côte d'Azur."Je suis un autodidacte, passionné par l'hôtellerie et la formation", dit ce professionnel qui a débuté comme voiturier au Grand Hôtel Mercure Sophia Country Club, sur la technopole de Sophia Antipolis. Anthony Torkington, alors directeur de l'hôtel, l'a ensuite appelé à ses côtés à l'ouverture du Mas Candille en 2002. "J'ai été responsable des réservations, chef de réception, responsable de l'hébergement puis directeur d'exploitation."
15 nouveaux CDI
Déprimé, le marché de l'emploi sur la Côte d'Azur ? "Il faut être très optimiste aujourd'hui pour se dire qu'on va trouver sans peine du personnel qualifié !", répond-il. Mais je reste confiant. Je m'adresse à quelques écoles comme le lycée hôtelier Paul Augier à Nice (06) ou l'école Vatel à Nîmes (30) et Paris et je suis très présent à la source du recrutement. En donnant des cours à Paul Augier pour la licence arts et métiers de l'hôtellerie de luxe, je cherche le bon équilibre entre le personnel d'expérience et les jeunes, notamment en restauration. Avec mon réseau, celui de Relais & Châteaux et l'excellente entraide de ses maisons de la Côte d'Azur - Cap d'Antibes Beach Hôtel, Bastide Saint-Antoine (ect.) - nous arrivons à surmonter les difficultés actuelles de l'emploi. Au contraire de beaucoup de mes collègues, je ne suis pas inquiet sur le recrutement car le travail de fond effectué les deux dernières années s'avère payant. Avec 15 nouveaux CDI, notre 'cru' d'embauche 2012 a été très intéressant, avec une équipe jeune et motivée."
Giuseppe Cosmai qualifie les prochaines années d'épreuve de vérité et définit ses axes de formation du personnel : "La différence se fera sur la fidélisation et le renforcement de nos équipes, formation interne, externe, qualité, ressources humaines… Sur ce plan, la Côte d'Azur a beaucoup de retard, notamment par rapport à Paris. Depuis un an, nous avons réussi à stopper l'hémorragie du 'turn over' et je demande beaucoup au personnel : aller toujours plus loin, fidéliser, développer la vente additionnelle, les nouvelles techniques de vente… J'ai constitué pour cela une équipe de pilotage de huit cadres, hommes et femmes, qui partagent mes idées et mes valeurs, prête à évoluer, à conforter le management, à voir ce qui se passe ailleurs. Parallèlement, Actif, cabinet de coaching de Sophia Antipolis, accompagne nos cadres à raison de quatre sessions individuelles par an (management, prise de parole…). Je forme aussi des saisonniers qui travaillent l'hiver en stations de montagne et certains sont passés en CDI. Quant aux chefs de service ou de départements, ils vont s'impliquer plus encore dans le pilotage, voire dans la stratégie de l'entreprise. En 2013, je vais renforcer mes équipes dans ce sens."
"Investir dans une commercialisation pointue"
Si le directeur du Mas Candille est confiant sur le plan du recrutement, il est plus réservé quant à l'évolution de la conjoncture et la préservation du chiffre d'affaires. "Comme beaucoup, nous n'avons pas de visibilité. Notre priorité se porte sur la basse saison et au-delà de nos bassins traditionnels de clientèle - France, Angleterre, Suisse, Belgique, Italie… - nous devons nous ouvrir sur des marchés nouveaux pour notre maison : Russie et pays de l'Est, Chine, Brésil… En 2012, j'ai engagé une commerciale sur la côte est des États-Unis, nous aurons un représentant sur la côte ouest l'an prochain et nous allons ouvrir une représentation à Moscou. En période de crise, l'important est dans cet équilibre formation-responsabilisation-recherche. Ne pas couper la croissance et investir dans une commercialisation pointue, ne serait-ce que pour développer la clientèle affaires et l'événementiel. Au Mas, il faudra sans doute encore deux saisons pour être vraiment performant. Mais transmettre un savoir-faire et une expérience aux nouvelles générations est la condition indispensable pour la réussite d'un hôtel de luxe sur la Côte d'Azur. C'est aussi ma passion !"
Publié par Jacques GANTIÉ
