La menace d’une invasion française inspira à Lord Henry Palmerston (1784-1865), ministre des Affaires étrangères et Premier ministre britannique, l’idée de construire quatre forts pour protéger le Solent, bras de mer qui sépare l’île de Wight de l’Angleterre. Cette voie maritime stratégique donne accès au port de Southampton mais aussi de Portsmouth où stationnait la Royal Navy. Les travaux s’étalèrent entre 1867 et 1880.
Achevé, le No Man’s Land Fort fut habité d’une garnison de 70 hommes qui ne virent jamais, en un siècle, le moindre pavillon hostile à l’horizon. Cette île de granit et de fer de 60,96 mètres de diamètre se trouve à un peu plus de deux kilomètres de l’île de Wight. Un siècle après sa conception, le ministère de la Défense décida de s’en séparer. Le fort devint un hôtel pour milliardaires séduits par la discrétion du rocher artificiel. En 2004, selon la BBC, le système de ventilation de l’îlot hôtelier fut colonisé par la légionnelle, ce qui provoqua la faillite du propriétaire puis plusieurs ventes successives du site.
En 2012, le groupe hôtelier Clarenco, exploitant du fort maritime voisin, Horse Sand Fort, étape sur la route du port de Portsmouth, embarque sur le fort et engage d’importants travaux. En avril 2015, un hôtel de luxe sort de la carcasse rénovée. L’établissement peut héberger 44 visiteurs et accueillir jusqu’à 200 personnes lors de fêtes privées. Les 22 suites de luxe ne rappellent en rien les dortoirs de garnison qui existaient jadis.
Le toit du fort est planté d’un très british gazon d’où l’on peut observer l’horizon assoupi dans un transat. Il est même possible de frapper quelques balles de golf (biodégradables) directement dans le Solent. Le sommet comprend aussi un héliport et un bain à remous. Dans le corps du fort, un immense atrium éclairé d’un plafond de verre loge un grand salon. Un bar à vin et un spa complètent l’équipement. Le plus spectaculaire reste le phare, qui accueille en son sommet un penthouse de deux suites avec une vision à 360°. Dans cet équivalent anglais de Fort-Boyard où de riches anglais aiment célébrer des noces inoubliables et élitistes, il est d’usage que les jeunes mariés passent leur première nuit en haut du phare, loin du tumulte de l’atrium - où l'on danse -, face à l’horizon, afin qu'ils puissent songer à l’immensité de la vie qui s’ouvre à eux. Moins romantique sera l’addition, à partir de 560 € la nuit.
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Publié par Francois PONT