Le 31 août et le 1er septembre prochains, il faudra penser à réserver pour espérer goûter au cochon de lait en gelée ou aux fameuses lentilles de Luppy du bar-restaurant Chez Justine, à Moncheux (Moselle). Plus de 300 personnes sont attendues de toute la région pour maintenir la mémoire administrative de ce café de chasseurs, emblématique de la vie du village de 150 habitants, mais aussi le souvenir du couple qui l’a exploité de 1962 à 2014. “Tout est resté en l’état depuis le décès de ma maman en 2014 et de mon père six mois après, évoque avec émotion Jacqueline Lelorrain, 66 ans. J’ai grandi ici, au milieu des chasseurs. Ils apportaient leur marmite que ma maman faisait réchauffer. Le bistrot était ouvert 7 jours sur 7 par besoin de lien social. L’argent ne comptait pas pour mes parents. Depuis leur disparition, il faut faire 10 km pour boire une bière à Solgne ou à Rémilly.”
Préserver la licence IV
Depuis 2015, chaque année à la rentrée, Jacqueline Lelorrain et son mari, Bernard, relancent la pompe à bière du bar-restaurant familial, le temps d’un week-end festif. “La maison, où loge le bar en rez-de-chaussée, est louée mais il est prévu dans le bail que les locataires autorisent la réouverture de Chez Justine une fois l’an. C’est contractuel. Cette situation amuse beaucoup les occupants actuels, qui participent même aux agapes. Nous déclarons la date de réouverture à la préfecture, qui doit, pour faire perdurer la licence IV, être constatée par une autorité : les gendarmes ou un huissier, à nos frais. La loi nous oblige à le faire une fois tous les cinq ans. En général, c’est le maire qui valide l’ouverture. Et pour cause, il ne rate jamais l’événement et invite tous les maires de la région jusqu’aux grandes villes de Marly ou de Vic-sur-Seille. L’année dernière, nous avions 210 réservations. Nous avons même renoncé à manger car nous étions en rupture de produits avec plus de 300 visiteurs. Tous les bénéfices vont à une association du village”, complète Bernard, qui constate le formidable engouement pour cette initiative mémorielle qui fait revivre, le temps d’un week-end, la convivialité de ces terres agricoles.
Publié par Francois PONT