Le verbe
" C'est le moment où le chef peut le plus nous parler. C'est un moment important et privilégié ", raconte Louis Morin, maître d'hôtel." Ce qu'il a exprimé le matin, chacun va se l'approprier et le retranscrire à sa manière. Chacun essaie d'être proche du client, et de soi-même. Ce n'est pas une récitation. Nous connaissons les produits, les producteurs, nous nous adaptons au client ", détaille Martine Décoret. Jacques Décoret est accessible. Il échange volontiers, tout au long de l'année, avec son équipe pour préciser et reformuler la tonalité de chaque plat. " J'ai rarement vu des maisons où l'on parle autant avec le chef ", indique Louis Morin. Cette communication directe favorise une meilleure harmonie entre les équipes. Elle permet d'évoluer, même sur une carte constante. Si un membre de l'équipe a une question, envie de goûter un plat, il va le voir.
Martine Décoret et Louis Morin ont la responsabilité de sensibiliser le reste de l'équipe aux attentes des clients. C'est un travail d'observation. Si le client vient d'une autre région, d'un autre pays, si c'est un habitué, l'équipe lui transmettra des informations différentes. Déjeuner d'affaires, repas en amoureux, sortie gastronomique, l'équipe de salle doit rapidement identifier les envies des clients pour étendre son discours, ou au contraire viser l'efficacité.
Lors de notre entretien, la maison sert un dessert qui comporte six textures de chocolat. Servi dans une assiette volcan, il explose en bouche. " Pour l'histoire, nous allons trouver un minimum de mots qui traduiront le plat. Jacques est joyeux dans sa cuisine, on y trouve beaucoup de surprises, de souvenirs d'enfance… nous cherchons à les traduire, les évoquer, les suggérer. Nous ne devons pas tout dire ", précise Martine Décoret.
Le geste
Publié par Sandrine ROCHAS