Isaac Getz et Laurent Marbacher ont étudié des entreprises (dans différents pays, dans différents secteurs, de différentes tailles) qui ont adopté un état d’esprit radicalement différent de celui que l’on retrouve communément : un état d’esprit fondé sur l’altruisme (l’altruisme est le contraire de l’égoïsme). En effet, plutôt que de se méfier de leurs partenaires économiques (en contractualisant pour se protéger), celles-ci leur font confiance. Elles pensent que la meilleure manière de rencontrer le succès n’est justement pas de viser directement un résultat financier mais plutôt de considérer leurs résultats financiers comme conséquence du service qu’elles rendent. Contrairement à ce que l’on pourrait croire a priori, car nous sommes conditionnés par les pratiques que nous vivons au quotidien, les pionniers qui ont bataillé pour transformer les attitudes au sein de leur entreprise rencontrent le succès. Au-delà de la réussite économique, c’est l’impact positif de l’entreprise altruiste sur le territoire où elle opère qu’il faut également saluer. Une valeur qui parle particulièrement aux entreprises de l’hôtellerie-restauration qui sont au premier plan de l’animation ou de la revitalisation des territoires.
Animé par Daniel Gainetdinoff, ex-restaurateur membre de la FAGIHT (L’Estanco à Val Cenis, Savoie), la soirée de lancement du livre l’entreprise altruiste au siège de la mutuelle de santé MGEN mardi dernier a donné l’occasion aux auteurs de mettre en avant quelques exemples. Notamment, l’entreprise organisateur de séminaires, Châteauform’. L’aventure entrepreneuriale a commencé avec un premier établissement. Elle en compte aujourd’hui 64 pour un chiffre d’affaires de 230M €. La philosophie altruiste du fondateur, Daniel Abittan y est pour quelque chose. Comment s’exprime-t-elle au quotidien ? Prenons l’exemple du problème des vols par les clients (voir l’article dans le n° 3684 du 5 décembre 2019). Les jolis flacons en verre de savon liquide dans les salles de bain plaisaient un peu trop à une clientèle mal intentionnée. A la proposition de les remplacer par des plus moches pour limiter les vols, la réponse fut claire : « Non, non et non. On ne va pas déplaire au gros de notre clientèle sous prétexte qu’une petite minorité se comporte mal. » L’ex-restaurateur, Daniel Ganinetdinoff se reconnaît dans cette philosophie : "On a misé sur le service rendu au client. Alors que dans les stations de montagne, certains confrères misent sur une rotation rapide des tables, dans notre restaurant de 35 couverts, on laissait du temps au client qui ne se sentait pas bousculé. Conséquence : un choix de menu plus rémunérateur et des avis très positifs sur tripadvisor. Pour ce qui est des relations avec nos partenaires, on ne négociait pas les prix avec le boucher local par exemple, on lui faisait confiance et ses produits étaient de qualité. Bref, on mettait l’humain au premier plan. Les tables du restaurant portaient un nom, pas un chiffre. » Pour Isaac Getz, ces entreprises font la différence entre s’en servir et servir quand elles parlent de leur client et sont l’illustration que l’entreprise peut être une forme de progrès social.
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Publié par Olivier MILINAIRE
jeudi 16 janvier 2020