La course à la vitesse des années 1980 a porté un coup rude aux trains de nuit, aux wagons-restaurants mais aussi aux trains de luxe. Mais la donne est en train de changer. “Aujourd’hui, les gens ne veulent plus prendre l’avion, c’est une tendance de fond”, explique Eve-Marie Zizza-Lalu, auteur d’un livre sur les grands restaurants à bord des trains de luxe. En dépit de l’arrivée du premier TGV (en 1981) qui ne laissait guère de place à l’éloge de la lenteur, des projets de lancement ou de reprise de trains de luxe ont impliqué de nombreux groupes hôteliers dès la fin du millénaire. En 1999, au nord du Vietnam, le groupe hôtelier français Électricité et Eaux de Madagascar (EEM) a inspiré bien des projets à venir avec son Victoria Express. Deux wagons luxueux équipés d’un restaurant de très belle facture avaient été accrochés en queue du train Hanoï-Kunming afin de transférer les clients débarqués de l’aéroport vers les hauteurs tonkinoises de Sapa, via Lao Cai, pour rejoindre leur destination finale, le Victoria Hotel Resort & Spa. Une belle manière de débuter l’expérience, dès l’arrivée au Vietnam, sans que le groupe ne perde une seule nuitée. Seuls les clients de l’hôtel pouvaient embarquer à bord de ce train. Il sera revendu à un groupe vietnamien en 2011.
Une expertise unique à bord des trains de luxe
De rares particuliers, comme en Afrique du Sud avec le Rovos train, surnommé l’Orient-Express d’Afrique, excellent dans l’exploitation de ces hôtels roulants. Des opérateurs publics aussi, à l’image de la Renfe en Espagne, qui administre avec succès plusieurs lignes de luxe sur la péninsule ibérique. Pour autant, ce sont bien les hôteliers qui démontrent un savoir-faire unique et planétaire dans ce type d’activité singulière. Le groupe Belmond, racheté par LVMH, reste la référence avec ses sept trains de légende (six depuis le démantèlement en 2021 du Grand Hibernian en Irlande en raison de la crise sanitaire). Le catalogue de l’ancien groupe Orient Express (dont la licence est désormais la propriété exclusive du groupe Accor) est impressionnant avec le Venise-Simplon-Orient-Express, célèbre pour son trajet Londres-Venise, le Royal Scotsman en Ecosse, l’Eastern & Oriental Express - qui circule dans un luxe inouï entre Bangkok et Singapour -, le British Pullman au Royaume-Uni et l’Andean Explorer ainsi que l’Hiram Bingham au Pérou.
Le groupe Kempinski Hotels, quant à lui, fut partenaire du Tangula Express, un train luxueux qui reliait Pékin à Lhassa, au Tibet. Le train a cessé son activité en 2018. Pour Kempinski Hotels, un train à l’arrêt peut en cacher un autre en activité. Le groupe est partenaire du Majestic Imperator, qui propose des croisières ferroviaires au départ de Vienne, passant notamment par Bratislava et Budapest. Un circuit de cinq jours sur ce train impérial pour 42 privilégiés, est vendu à partir de 13 800 € par personne. En 2023, c’est le train de luxe du Puy du Fou qui devrait voir le jour. L’entreprise présidée par Nicolas de Villiers est aussi un groupe hôtelier avec ses six établissements qui jouxtent le parc vendéen.
La croisière ferroviaire a ainsi un bel avenir devant elle grâce à une logique de transport écologique mais aussi un retour en grâce de la lenteur et une envie renouvelée de vivre des rencontres. En outre, la capacité de repositionnement infinie des trains permet de contourner les crises. Quant à l’expérience à bord, elle ne cesse de monter en gamme grâce à l’expertise des hôteliers.
Accor #Kempinski# #Belmond# #Tangula# #CroisiereFerroviaire#
Publié par Francois PONT