“Tu as changé ma vie”, s’emballe le restaurateur Erwan Botrel alors que la journaliste Emmanuelle Jary lui rend visite à l’improviste à Bourdonné (Yvelines), un an après son méfait. “Tu as aussi changé la nôtre !”, lui répond l’auteur du blog culinaire C’est meilleur quand c’est bon.
“Fin 2016, avec mon compagnon, le réalisateur Mathieu Pansard, nous voulions parler et filmer différemment la restauration, loin des modes et des chichis. Des amis m’avaient transmis une adresse dans les Yvelines. J’avais proposé à différentes rédactions des reportages sur Erwan, toutes ont refusé”, explique Emmanuelle Jary. La vidéo finit donc sur son blog C’est meilleur quand c’est bon. Et le succès est foudroyant - plus de 30 millions de vues sur Facebook, 450 000 sur Youtube, le blog passe de 8 000 à 550 000 abonnés -, sans qu’on puisse vraiment s’expliquer pourquoi. Le restaurateur est détonnant, la journaliste, les propos et le montage sont touchants. La joie de s’attabler dans ce lieu, loin des adresses à la mode, est contagieuse. Il y a par exemple cette séquence ubuesque où Erwan Botrel engage le couple de reporters à trouver eux-mêmes une bouteille dans une cave aux 25 000 flacons : “Choisissez un bourgueil rouge de chez Gauthier, ce sera très bien, il est dans la deuxième pièce de cave, rangée de gauche, partie de droite, partie haute. Le prix de la bouteille à table ? C’est simple, tu rajoutes 10 balles à celui de la cave !”
“Chez moi on peut manger pour 25 balles”
Pourtant, Emmanuelle Jary redoutait d’y retourner. “Je savais que suite à la vidéo, Erwan avait eu un contrôle fiscal et sanitaire”, confie-t-elle. “C’est la rançon de la visibilité, mais il faut surtout retenir que j’ai doublé mon CA, embauché deux salariés, que je suis complet le week-end trois mois à l’avance et que les grands vignerons m’accordent désormais de bonnes allocations au meilleur prix”, ajoute l’énergique Erwan Botrel, qui a enfin pu obtenir deux caisses de Romanée Conti.
Ancien commercial grand compte au tutoiement facile, Erwan Botrel a réalisé son rêve d’enfant en 2007 en achetant un restaurant de 80 places dans sa petite commune des Yvelines. Il vend désormais 80 000 bouteilles chaque année dont 50 000 dans sa cave. “Tu sais, chez moi on peut manger pour 25 balles. J’ai des clients qui viennent en avion, même si j’ai toujours eu de la mixité sociale et que le restaurant marchait avant le passage de la charmante Emmanuelle”, résume-t-il. Quant à la journaliste, elle soulève désormais une cohorte de suiveurs qui s’accrochent à son succès comme le sillage à la proue d’un navire.
#MathieuPansard# Erwan Botrel #EmmanuelleJary#
Publié par Francois PONT