L'Hôtellerie Restauration : Quel est le contexte actuel de l'hôtellerie au Mans ?
Jean-Yves Proust : Le Mans fait partie des villes françaises qui s'appuient essentiellement sur un tourisme d'affaires lié à un tissu économique significatif et à des filières génératrices d'emplois et d'attractivité avec notamment l'industrie automobile, fleuron de l'économie sarthoise. L'agglomération est également présente sur l'activité congrès et événementiel à travers les épreuves du circuit du Mans qui façonnent la notoriété internationale de la ville et sa région depuis de nombreuses années. Ainsi, la part de la clientèle affaires atteint 74 % et l'activité hôtelière peine à décoller les week-ends et en période hivernale. Conséquence : le taux d'occupation est relativement faible et bien en-deçà de la moyenne des espaces urbains français : 54 % en moyenne en 2013 sur Le Mans Métropole.
Comment se porte l'hôtellerie ?
L'hôtellerie mancelle est touchée par la crise qui déstabilise le tissu économique et réduit les budgets des entreprises. Les hôteliers doivent faire face à nouvelle forme de concurrence fonctionnant à la nuitée sur le segment des chambres d'hôte-locations saisonnières lors des épreuves liées au circuit des 24 heures. Les nouvelles résidences de tourisme proposant des appartements à la nuitée ont également pris une part du gâteau. L'arrivée d'un Appart'City de 101 chambres au coeur du nouveau quartier d'affaires Novaxis en est un exemple. On ressent ainsi une forme d'inquiétude des hôteliers déjà en place qui redoutent l'arrivée de nouveaux projets d'hébergement. En parallèle, la présence d'hôtels de grande capacité et de niveau 4 étoiles est de façon traditionnelle fortement demandée par les clientèles congrès et par les décideurs en matière de programmation événementielle. Le projet situé en hyper-centre sur le site historique de la Visitation pourrait répondre à cette demande.
Comment se répartit l'offre hôtelière ?
Elle est assez équilibrée sur la métropole avec Le Mans centre comme pôle majeur – avec 60 % de l'offre - et deux pôles secondaires que sont Saint-Saturnin et Arnage. Le niveau d'activité des hôteliers du Mans Métropole reste très moyen avec un RevPAR toutes catégories confondues à seulement 38 €.
Quel est le niveau de l'hôtellerie ?
Aujourd'hui, environ 40 % du parc hôtelier de la métropole du Mans n'est pas classé. Cela représente 633 chambres, ce qui est pénalisant lorsque l'on veut développer une clientèle loisirs de court séjour. Par ailleurs, une partie de ces chambres est en danger au vu de leur faible niveau qualitatif.
Comment les exploitants appréhendent-ils l'arrivée des nouvelles normes en matière d'accueil des clientèles en situation de handicap ?
Celles-ci posent problème aux hôteliers qui sont en attente de dérogations ou d'un accompagnement spécifique. L'hôtellerie de plus petite capacité d'accueil de centre-ville est la plus touchée car l'hébergement est implanté au coeur de bâtiments historiques.
Quels sont les enjeux pour l'hôtellerie de la métropole mancelle ?
L'enjeu immédiat est de sauvegarder le niveau d'activité actuel et ceci malgré l'arrivée de nouvelles chambres. L'annonce de l'arrivée de près de 500 chambres de niveau 1 étoile, 3 étoiles et 4 étoiles d'ici 2015, avec notamment les enseignes Ibis, Quality et Eklo Hotels, devrait considérablement modifier le paysage urbain et impacter le parc hôtelier existant. Cette croissance de l'offre à court terme permet à la métropole mancelle de se doter d'hébergements supplémentaires sur des localisations géographiques connectées à des sites économiques et touristiques facilement accessibles. Néanmoins, et afin d'éviter une 'surchauffe' sur l'ensemble du parc, l'augmentation de la capacité d'accueil devra s'accompagner d'une promotion accrue de la destination pour attirer de nouvelles clientèles en court séjour.
Publié par Jean-Yves Proust, directeur de Headlight Consulting, avec Tiphaine Beausseron