Le rapport de Régis Marcon et Céline Calvez sur la voie professionnelle plaide pour des parcours personnalisables
La voie professionnelle : un potentiel qu'il faut utiliser autrement pour le rendre plus efficace et attractif. Tel est l'objectif des travaux.
Publié le 23 février 2018 à 13:24
Régis Marcon, Céline Calvez et Jean-Michel Blanquer hier au 101 rue de Grenelle.
700 000 jeunes, soit un tiers des lycéens sont en voie
professionnelle, des élèves souvent en retard scolairement d'un an ou plus... 4
élèves sur 5 de la voie professionnelle passent par un bac pro, qui recouvre
une centaine de spécialités. CAP et bac pro compris - 300 spécialités en tout - le secteur des services accueille à lui seul
2/3 des élèves. Les résultats aux examens dépassent les 80% mais les difficultés d'insertion sont
récurrentes. 51% des bacheliers professionnels (et 58% des CAP) sont au chômage
7 mois après l'obtention de leur diplôme. Et ceux qui veulent poursuivre des
études supérieures rencontrent d'importantes difficultés. Bref, la voie
professionnelle, malgré plusieurs milliers de postes non pourvus sur le marché
du travail – pas moins de 100 000 postes non pourvus en 2017 dans l'hôtellerie
et la restauration – doit être transformée, pour devenir plus efficace, retrouvée
son attractivité et s'ouvrir à la mixité des parcours. C'est le cadre fixé par
le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel
Blanquer, qui a missionné la députée des Hauts-de-Seine, Céline Calvez (qui était à la tête d'une
société de conseil avant d'être élue à l'Assemblée Nationale) et le chef, Régis Marcon, triple étoilé Michelin,
pour explorer les pistes. Et après un peu plus de deux mois de visites de
terrain, en France comme à l'étranger, des centaines d'auditions et de
multiples échanges avec tous les acteurs concernés, les deux rapporteurs ont
rendu leur copie, jeudi 22 février, au Ministère de l'Education Nationale.
Pour une orientation
choisie et modulable
Les leviers retenus bousculent un certain nombre de codes
mais les auteurs du rapport semblent déterminer à faire avancer un chantier qui
n'est pas nouveau mais demande une volonté commune des acteurs. En premier
lieu, faire en sorte d'abord que l'orientation soit choisie et puisse
bénéficier de parcours personnalisés. Des parcours qui seraient progressifs avec
une classe de seconde qui ne fermerait aucune porte, un classe de première qui
donnerait accès soit à une terminale scolaire, soit à apprentissage. Et une
terminale à modules, dirigeant soit vers une recherche d'emploi, une reprise de
formation, la poursuite d'études ou de spécialisation. « Pour que l'orientation du jeune ne soit pas subie, estime
Régis Marcon, l'élève doit lui-même s'approprier
son avenir par un projet personnalisé ». L'offre des spécialisations métier
doit aussi être clarifiée pour une meilleure lisibilité. L'acquisition de compétences
transversales, des périodes d'alternances construites entre les communautés
éducatives et les filières professionnelles, donner plus de souplesse aux
diplômes en mettant en place des référentiels modulables en besoin des demandes
métier, favoriser les campus des métiers par territoire, rapprocher les
enseignants et le monde de l'entreprise par l'immersion et d'avantage d'échanges,
ouvrir et développée à l'Europe et l'internationale la voie professionnelle. « La voie professionnelle doit être
choisie par les jeunes et quelles que soient leurs notes » à la sortie
du collège, considère également Céline Calvez. Ce rapport va maintenant faire l'objet
des négociations avec les partenaires prévues en mars.