1,9 milliards d’euros : c’est le montant des retombées économiques perdues à Paris et en Île-de-France pour le seul premier semestre 2021, à cause d’un tourisme d’affaires en berne. C’est l’un des principaux constats de l’étude que vient de publier la chambre de commerce et d’industrie francilienne. Une lourde perte que l’on doit, entre autres, aux 154 salons en présentiel supprimés, 67 événements transposés en version digitale et aux 39 300 entreprises qui ont annulé leur venue dans la capitale.
Qu’en est-il en cette rentrée ? D’aucuns parlent d’un début d’embellie avec des salons maintenus, tels que Maison&Objet à Villepinte (Seine-Saint-Denis) ou le Mipim à Cannes (Alpes-Maritimes). Sauf que les allées du premier n’ont pas fait le plein avec 48 641 visiteurs en cinq jours, soit une baisse de fréquentation de 36,7 %. Quant au second, il a duré 48 heures au lieu de quatre journées habituellement. La reprise a donc lieu, mais lentement. “Le tourisme d’affaires redémarre, mais la réelle reprise sera en mars 2022, sous réserve de la résolution du problème sanitaire au plan européen. Car, en France, 78 % de la clientèle étrangère est européenne”, commente Stéphane Botz, directeur national Hospitality chez KPMG France.
Conséquence sur l’hôtellerie : “D’ici à mars 2022, le marché domestique, voire européen, va alimenter l’hôtellerie économique et milieu de gamme. Quant à la clientèle long courrier, elle reviendra avec la reprise d’événements phares ou internationaux. On pourrait donc avoir une reprise et même un pic d’activité entre mars et juin 2022, car la clientèle d’affaires aura envie de se voir, se revoir, pour travailler.”
“Entre 5 et 15 % de la clientèle du marché domestique va être perdue”
Chez Logis Hôtels, on est optimiste. Après un été marqué par une hausse de 32 % du chiffre d’affaires, le groupe amorce l’arrière-saison en surfant sur cette dynamique, tout en attirant la clientèle d’affaires, essentiellement domestique pour le moment. Et pour cause : alors que bon nombre d’établissements étaient fermés en 2020, les Logis Hôtels sont restés ouverts, avec une offre de restauration en chambre. Un parti pris qui a séduit les voyageurs d’affaires, alors en quête de points de chute en régions, et qui, depuis, les a fidélisés.
“Toutefois, nuance Stéphane Botz, entre 5 et 15 % de la clientèle du marché domestique va être perdue dans le cadre du tourisme d’affaires de proximité, avec le recours au télétravail et autres réunions en distanciel, qui vont rentrer dans les mœurs.” À cela s’ajoute le développement des événements et salons qui adoptent un format hybride, dit ‘phygital’, à l’instar de Maison&Objet, qui, certes, a réuni plus de 1 400 exposants en ce début septembre à Villepinte, mais a aussi créé la Maison&Objet Academy, une chaîne de streaming qui propose, sur abonnement, des interventions d’experts internationaux.
Adaptation à un marché plus local
“Cette recherche d’optimisation du temps de travail va avoir un impact sur les hôtels économiques ou moyenne gamme, reprend le directeur national Hospitality chez KPMG France. On suppose qu’il sera de 5 à 15 % sur le nombre de nuitées consommées par la clientèle d’affaires. » Dans un tel contexte, à l’hôtellerie de s’adapter : “Les hôteliers vont devoir répondre à un besoin plus local : petite restauration, rendez-vous de travail… Le chiffre d’affaires perdu d’un côté pourra donc en partie être regagné d’un autre”, poursuit Stéphane Botz.
Quant au tourisme d’affaires, “il va revenir progressivement et s’adapter aux nouvelles manières de consommer, tant dans l’hébergement que dans les parties communes”, conclut-il. Pour le consultant, “il faut faire évoluer les établissements et s’intéresser de près à l’enjeu commercial des pieds d’immeubles”.
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Publié par Anne EVEILLARD