Un marché en plein essor
Selon Céline Letort, cheffe de groupe marketing manager chez Vandemoortele, “le marché du donut est en pleine expansion, avec une augmentation de 10 % du taux de pénétration en trois ans dans le retail.” Elle observe une véritable dynamique, avec des consommateurs toujours plus nombreux à adopter ce produit dans leur quotidien. “En restauration, il devient un produit pâtissier à part entière”, ajoute-t-elle.
Pour Ingrid Salmson, Marketing Manager France chez Dawn Food, “le donut est en train de conquérir le marché français, en grande partie grâce à sa proximité avec le beignet traditionnel.” Selon elle, “longtemps vendu en surgelé, il se développe désormais sous forme fraîche, plus proche de la brioche, et moins gras.”
Du côté de Krispy Kreme, une chaîne spécialisée dans ce produit qui a récemment débarqué en France, Alexandre Maizoué, directeur général de l’enseigne, considère que “nous sommes dans une ère où la génération Z, ultra-connectée, façonne les tendances alimentaires. Le donut s’impose donc comme une gourmandise régressive qui s’inscrit parfaitement dans cette “économie de la joie”.”
Un produit polyvalent et hautement instagrammable
L’un des atouts majeurs du donut réside dans son attractivité visuelle. “Il se distingue des autres produits de snacking sucré par son glaçage coloré et sa customisation infinie”, explique Céline Letort. Contrairement aux cookies ou muffins, il offre un potentiel créatif énorme, avec des garnitures et toppings variés qui le rendent particulièrement photogénique sur les réseaux sociaux.
Ingrid Salmson renchérit : “Le donut est un support idéal pour l’innovation. Il peut être garni, glacé, décoré, et même décliné en version salée, une tendance qui explose aux États-Unis mais reste encore marginale en France.”
Un avis partagé par Joannes Richard, champion du monde de burgers et fondateur des Burgers de Jo, qui a déjà testé le donut sous une forme inédite : “J’ai fait une collaboration avec une donuterie à Nîmes pour un donut façon smash burger, avec de la viande smashée et du cheddar. C’est un produit qui a du potentiel, notamment sous forme d’éditions limitées ou de pop-up.”
Les préférences des consommateurs
Si le donut offre une grande diversité de saveurs, certaines restent incontournables. Pour Alexandre Maizoué de Krispy Kreme, “l’Original Glazed [Donut nature avec un glaçage au sucre, NDLR] représente plus de 40 % des ventes mondiales.” En France, “les versions fourrées au Nutella et au spéculoos rencontrent un franc succès.”
Chez Dawn Food, Ingrid Salmson observe également une demande croissante pour les saveurs classiques comme le chocolat, la fraise ou la myrtille. Toutefois, des parfums plus audacieux commencent à émerger : “Nous voyons un intérêt pour les saveurs japonisantes comme le matcha ou le yuzu, mais aussi pour des associations gourmandes inspirées des confiseries.”
Concernant les tendances alimentaires, l’offre végane se développe doucement mais sûrement. “Nous avons un produit végan qui fonctionne aussi bien que la version classique, ce qui montre un réel potentiel”, souligne Ingrid Salmson.
Un achat impulsif qui devient un rituel
Traditionnellement associé au snacking, le donut reste un produit d’achat impulsif. “Il se consomme à tout moment de la journée : au petit déjeuner, en dessert ou lors d’une pause gourmande”, explique Alexandre Maizoué. Mais son mode de consommation évolue. “On observe une montée en puissance des commandes en livraison et du click & collect”, précise-t-il. “Aujourd’hui, 15 % de nos ventes proviennent de la livraison, et nous lançons des armoires en grande distribution pour être encore plus proches des consommateurs.”
Un modèle économique rentable pour les professionnels
Pour les restaurateurs et commerçants, le donut représente une opportunité intéressante. “C’est un produit stable, facile à emporter, qui demande peu de main-d’œuvre”, souligne Céline Letort, de Vandemoortele. De plus, “il n’a pas de saisonnalité stricte, même si certains temps forts comme Mardi Gras, Halloween ou le Donut Day en juin permettent de booster les ventes”.
Chez Krispy Kreme, la rentabilité est un élément clé : “Nous avons une capacité de production de 42 000 donuts par jour, avec un prix variant entre 2,50 € et 3,80 €, et des tarifs dégressifs pour favoriser l’achat en boîte”, explique Alexandre Maizoué. “Les formats de vente les plus populaires sont les boîtes de 6 et 12 donuts, parfaites pour le partage.”
L’innovation au cœur de la stratégie
Le donut ne cesse d’évoluer et d’innover. “Le marché français commence à s’ouvrir au cake donut, plus proche d’une pâte à gâteau et qui lève à la cuisson, explique Ingrid Salmson. Nous travaillons également sur des fourrages qui peuvent servir de glaçage lorsqu’ils sont chauffés, offrant ainsi de nouvelles textures et saveurs.”
Krispy Kreme mise également sur l’innovation pour se démarquer. “Nous lançons régulièrement des éditions limitées, comme des donuts en forme de cœur pour la Saint-Valentin ou des créations inspirées du Grinch pour Noël”, détaille Alexandre Maizoué.
Un avenir prometteur en France
Si le donut a longtemps été l’apanage des enseignes américaines, il se structure désormais en France avec l’émergence de véritables spécialistes et l’arrivée de grandes chaînes. “On voit apparaître des mini-chaînes comme Dream Donuts ou Donuts & Donuts, qui développent leur réseau”, note Ingrid Salmson.
L’expansion de Krispy Kreme témoigne également de cette tendance. “Nous prévoyons d’atteindre 11 millions de donuts vendus en 2025”, annonce Alexandre Maizoué. Le marché est en train de se structurer, et nous comptons renforcer notre présence, notamment en province.”
Le donut n’a pas fini de faire parler de lui en France. Produit gourmand, visuel et réconfortant, il s’impose progressivement comme un incontournable du snacking moderne. Une tendance à suivre de près !
Publié par Julie GARNIER