La France, première destination touristique au monde, a engrangé 57,9 milliards d’euros de recettes internationales en 2022, et attiré 75 millions de touristes venus des quatre coins du monde. L’envers de la médaille ? 80 % de l’activité touristique se concentre sur 20 % du territoire… Certaines destinations ont donc pris le problème à bras le corps, afin de protéger l'environnement et de maintenir une expérience touristique de qualité.
Développer une autre clientèle à l’année
Depuis 2021, le parc national de Port-Cros qui regroupe les îles de Porquerolles, Port-Cros et du Levant dans le Var, a établi des quotas de fréquentation. En été, la jauge est restreinte à 6 000 visiteurs par jour : une “charte des bateliers" limite par contrat le nombre de passagers utilisant le service de transport maritime public par navettes. “Il y a eu des concertations pendant un an avec les différents acteurs. Nous avons travaillé avec les équipes du CNRS de l’université de Toulouse, afin de savoir quelle était la capacité de charge maximale du territoire”, raconte Laurence Cananzi, propriétaire de l’hôtel Les Mèdes à Porquerolles. Du côté des visiteurs, “le séjour sur l’île est plus apaisé, c’est redevenu respirable”, observe la professionnelle. Désormais, le défi de l’île varoise est de “développer une autre clientèle pour travailler à l’année”.
Contrepublicité ?
La mairie de Bréhat (Côtes-d'Armor) a adopté une approche comparable pour l’été 2023. L’île de 3 km² a instauré un plafond de fréquentation quotidienne de 4 700 visiteurs maximum par jour, du 14 juillet au 25 août, du lundi au vendredi, entre 8 h 30 et 14 h 30. “La mise en place a été un peu abrupte, se souvient Ludovic Baud, gérant et chef du restaurant traditionnel Le 22. L’annonce est tombée au mois d’avril, on avait déjà fait nos recrutements. Sur l’île, ce qui a fait peur aux professionnels du tourisme, c’est cette précipitation et ce tapage médiatique. On a eu peur que les gens ne viennent plus et que ça fasse une contrepublicité. C’était d’autant plus risqué que notre restaurant, par exemple, réalise 50 % de son chiffre d’affaires annuel en juillet et août.” Finalement, ces craintes ne se sont pas confirmées : “Notre chiffre d’affaires n’a pas été impacté. Nous avons continué à faire 120 couverts par jour, tandis que nos réservations ont explosé, passant de 25-30 % à 70-80 %”, poursuit-il. Les visiteurs, quant à eux, se sont révélés “contents de leur journée sur l’île”. Un “bon point pour le bouche à oreille”.
Publié par Violaine BRISSART