Thierry Campion dirige La Mascotte, Le Colibri et l’Écaille dans le quartier de Montmartre à Paris. Quand il a voulu effectuer des travaux à La Mascotte, s’est posé la question de savoir quoi faire de ses employés. “Avant les huit mois de travaux, nous avons mis fin à tous les CDD, contrats d’extra, périodes d’essai. Notre demande de mise en chômage partiel n’a pas obtenu de réponse satisfaisante. Le dossier était très compliqué à monter et les indemnisations pas à la hauteur. J’ai eu de la chance d’avoir plusieurs affaires. Les CDI ont été affectés au Colibri et à l’Écaille”, se souvient Thierry Campion.
“L’activité partielle dans les CHR a été bien prise en charge pendant la crise sanitaire, mais les demandes de droit commun sont moins favorables. Un restaurateur peut théoriquement obtenir un contingent de 1 000 heures de chômage partiel par an mais la réponse des pouvoirs publics dépendra du motif. Il en existe cinq : la conjoncture économique, un sinistre ou des intempéries, des difficultés d’approvisionnement, des circonstances exceptionnelles comme le Covid et les travaux de transformation, modernisation ou restructuration de l’entreprise”, explique Gaëlle Doucet, avocate spécialisée en droit social.
“Le sort des employés pendant des travaux dépendra surtout de la durée de ceux-ci. En cas d’inactivité de moins de trois semaines, l’employeur pourra avoir recours à la liquidation des congés payés, à des formations voire à des contrats de mise à disposition dans d’autres structures du groupe. Pour des fermetures plus longues, des solutions plus radicales et coûteuses s’imposent comme les ruptures conventionnelles ou les plans de départ volontaire”, poursuit l’avocate. “Lorsque nous avons repris le Domaine de Raba à Talence (Gironde) et sa vingtaine de salariés en place, nous avons obtenu une centaine d’heures de chômage partiel prises en charge à hauteur de 70 % par l’État. Cela couvrait à peine trois semaines de salaires, mais c’était quand même bien d’avoir cette aide pendant nos trois mois de travaux”, reconnaît Philippe Monnin, le fondateur du groupe hôtelier Millésime.
À chacun ses solutions
“Il est arrivé que durant des périodes courtes d’inactivité pour travaux nos collaborateurs perçoivent intégralement leur salaire, pour les fidéliser. Nous n’avons jamais placé de salariés chez des confrères. Pendant les travaux au Mucem en 2023, nous avons fait travailler quelques salariés à tour de rôle pour raccourcir les temps d’activité partielle”, témoigne Nelly Bataille, directrice des ressources humaines du groupe Passédat.
Enfin, c’est parfois la bidouille qui l’emporte. “Lorsque nous avons refait les cuisines, le chef s’était opposé à la fermeture en plein été. C’est un souvenir inoubliable. Avec deux frigos, un four et la réduction de la carte, nous avons installé une cuisine de campagne dans l’office. Nous avons mieux travaillé que l’année précédente”, se souvient avec amusement Stéphane Malchow, le directeur de la brasserie parisienne Mollard.
Publié par Francois PONT
Il y a 3 heures