Le restaurant La Dame de Canton est le plus vieux bateau amarré au port
de la Gare à Paris (XIIIe). La jonque chinoise attire autant pour ses menus et
son décor boisé que pour sa programmation culturelle même si l'activité sur
Seine n'est pas un long fleuve tranquille, comme en témoigne ses propriétaires depuis
1999, Philippe Holvoet, restaurateur d'origine belge et sa compagne Sonia
Dimanccio. Ce restaurant flottant offre un cadre atypique mais est aussi un
lieu historique. "Jacques Higelin
venait y jouer gratuitement. C'est sur la jonque que Matthieu Chedid, Louise
Attaque, Sanseverino ou Thomas Dutronc ont débuté", s'enthousiasme
le propriétaire. Jamais ouvert à midi, la jonque partage ses soirées entre
privatisations et dîners-concerts avec une carte courte produite par un jeune
chef de 27 ans, Jean-Christophe Frémont. "Tout est cuisiné sur place à base de produits frais.
Nos visiteurs peuvent dîner soit dans le carré du capitaine
avec sa bibliothèque et son piano, ou dans la cale avec son boudoir romantique", explique Sonia Dimanccio.
Taxes et réglementation
Le fonctionnement du restaurant obéit à une réglementation stricte. "Contrairement à la restauration terrestre, nous avons trois cuves, une
pour filtrer la graisse que nous évacuons, une autre pour l'eau des lavabos et
une dernière pour les toilettes." De plus, souligne Philippe
Holvoet, "Les redevances et taxes sont pléthores.
Il y a un droit de stationnement du bateau calculé à partir de sa longueur et
de sa largeur, et un droit de terrasse au mètre carré pour notre extension
saisonnière sur la berge. Au-delà de trois mois d'activité, la terrasse doit
faire l'objet d'un permis de construire.
De plus, Haropa-Ports de Paris et les architectes des bâtiments de France
veulent standardiser toutes les terrasses sur berges à l'horizon 2018 sur le
modèle de celle du Flow - au port des Invalides -, avec des containers et des
structures métalliques surmontées d'une bâche en forme de voile. Enfin, on doit
payer au port de Paris l'eau, l'électricité, le traitement des déchets, le
nettoyage des berges comme dans une copropriété, mais aussi le gardiennage alors
que nous payons notre propre sécurité.
21
jours d'inactivité
Les restaurateurs installés sur la Seine font
face à une année difficile, avec l'arrêt brutal de leur activité pendant
plusieurs jours, conséquence de la crue et des inondations de juin dernier. "
Nous nous sommes montés en association pour lutter contre notre bailleur alors
que nous redoutons de devoir payer nos loyers pendant les 21 jours d'inactivité
causés par cette crue. Nous avons vécu plusieurs inondations en dix-sept ans, de moindre
ampleur et toujours l'hiver donc sans terrasse. Par son côté inattendu et sa
violence, la crue de juin a eu des conséquences dramatiques comme le chômage de
35 personnes, la perte des stocks à bord à cause de la rupture de l'électricité
et à terre en raison de l'immersion de nos chambres froides. Les passerelles
ont été tordues, on a perdu les bouées, toutes les étiquettes des bouteilles de
vins ont été englouties. On estime les dégâts à 100 000 € sans avoir
été, à ce jour, indemnisés."
Publié par Francois PONT