La bonne information des élèves et des familles est capitale pour avoir un choix éclairé qui prend en compte les possibilités de poursuite d'études et d'insertion professionnelle. La loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel - votée le 1er août dernier - prévoit que, chaque année, le taux d'obtention des diplômes et titres professionnels, le taux de poursuite en études, le taux d'interruption de la formation et le taux d'insertion professionnel soient rendus publics. Cela va permettre aux jeunes qui choisissent l'apprentissage de mieux s'orienter grâce à des données fiables. La loi confie aux régions l'organisation d'actions d'information avec le monde économique. Dès le 1er janvier 2019, les élèves des classes de 4e de 3e, Seconde et Première bénéficieront de plusieurs journées annuelles d'information sur les métiers et les filières. Ils auront ainsi la possibilité de rencontrer les professionnels, salariés apprentis ou chefs d'entreprise afin de découvrir les métiers et les possibilités de carrière dans l'hôtellerie et la restauration.
Comment l'entrée en apprentissage à tout moment de l'année va-t-il se mettre en place ?
Les CFA vont au fur et à mesure se mettre en place pour accueillir les jeunes en apprentissage tout au long de l'année. La prépa-apprentissage permettra également d'accompagner les jeunes qui souhaitent s'orienter vers la voie de l'apprentissage, par des actions qui permettront de faciliter leur intégration dans l'emploi, en particulier en termes de savoir-être professionnel. Ces actions sont accessibles en amont d'un contrat d'apprentissage et sont réalisées par les CFA. L'entrée en apprentissage tout au long de l'année est ainsi facilitée. Nous voulons introduire un esprit de complémentarité entre apprentissage et statut scolaire, en mettant en place des passerelles entre ces deux voies et en instituant les campus des métiers regroupant toutes les filières. Les régions, l'État et les branches professionnelles favoriseront le développement et l'émergence de nouveaux campus des métiers - 15 nouveaux campus viennent d'ailleurs d'être labellisés.
L'accueil des apprentis mineurs pose problèmes aux entreprises de la restauration (dangerosité du matériel, vente d'alcool, etc.). Comment concilier les différentes problématiques ?
Notre volonté est de concilier la protection des jeunes mineurs et leur permettre d'entrer en apprentissage le plus tôt possible. Depuis 2015, pour certains travaux, la réglementation a été assouplie : il ne faut plus d'autorisation préalable mais une simple déclaration auprès de l'administration. La loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel apporte à votre secteur encore plus de facilité d'embauche. Nous allégeons considérablement la procédure d'agrément pour les hôtels-cafés-restaurants qui ont également une licence de vente d'alcool. Dorénavant, un chef d'entreprise ne devra demander un agrément que pour les mineurs de 16 à 18 ans qui sont affectés au service de bar. Jusqu'à maintenant, l'exploitant d'un hôtel-café-restaurant qui devait embaucher un jeune âgé entre 16 et 18 ans inscrit en CAP était tenu de demander au préalable un agrément préfectoral, même s'il affectait son apprenti à la réception de l'hôtel ou en service de chambre.
Quelle est votre opinion sur le permis de former ?
Il y a aujourd'hui 420 000 apprentis en France et 200 000 ou 300 000 maîtres d'apprentissage. Nous n'allons pas créer une formation obligatoire pour tous ces maîtres d'apprentissage qui réussissent bien dans cette fonction. Cependant, la loi offre la possibilité aux branches professionnelles de définir les conditions d'éligibilité à la fonction de maître d'apprentissage afin qu'elles soient plus adaptées aux contraintes de l'entreprise. C'est le cas pour l'hôtellerie-restauration, qui a mis en place ce permis de former.
Le nouveau mode de financement au contrat des CFA ne risque-t-il pas de freiner l'accès à certains métiers ?
Il permettra avant tout à plus de jeunes d'accéder à l'apprentissage, et donc d'ouvrir de nouvelles sections ou de développer celles qui existent. À chaque fois qu'un jeune et une entreprise signeront un contrat, la formation CFA sera financée. Ce système sera plus juste, parce que les professionnels de chaque métier évalueront le coût de la formation sur la base d'une objectivation de ces coûts, ce serait équitable sur l'ensemble du territoire.
Publié par Sylvie SOUBES