L’Hôtellerie Restauration : Dans quel état d’esprit appréhendez-vous cette rentrée 2021-2022 ?
Philippe François : Depuis un an et demi, nous agissons et réagissons dans l’urgence face à une situation, elle aussi, d’urgence. Nous avons été pris de court dans nos métiers d’hôteliers, de restaurateurs, comme dans la formation à ces professions. Aujourd’hui, nous devons reprendre la main. Et ce, d’autant qu’en France, l’État a mis en place des dispositifs de soutien. Certes, nous sommes encore dans la crainte et l’attente, mais cette rentrée différente va être passionnante. Elle va permettre de mener une réflexion de fond sur nos métiers et la formation. Ensemble, avec l’Umih, le GNI ou encore avec les organisateurs d’un salon comme EquipHotel, mettons-nous tous autour d’une même table pour parler d’économie touristique et de main d’œuvre touristique.
Comment faire pour maintenir la motivation chez les jeunes ?
Il faut leur rappeler que nos métiers font toujours partie des plus attractifs. Avec un CAP, on peut devenir un grand chef de renommée internationale… Dans les écoles hôtelières, les jeunes ont la possibilité de partir travailler dans le monde entier : c’est une occasion de découvrir d’autres horizons, tout en apprenant et en gagnant sa vie. Alors, oui, ce sont des professions où l’on travaille le soir, le week-end, pendant les vacances… comme les soignants ! Car, nous aussi, nous sommes au service des autres. Redonnons à nos métiers leurs lettres de noblesse et rappelons aux jeunes qu’ils ne sont pas seuls devant leur ordinateur.
Et les enseignant, justement, ont-ils des leçons à tirer de la rentrée de l’an dernier ?
Le principal enseignement de la rentrée 2020 est de savoir prendre du recul. L’an dernier, nous étions dans l’urgence. Aujourd’hui, nous savons que le distanciel n’est qu’un complément du présentiel. On ne peut pas apprendre nos métiers juste en se connectant à des webinaires et en regardant Top Chef : cela ne suffit pas. Il faut faire revenir à l’école, à l’université, et développer l’alternance. Nous devons accompagner ces jeunes en formation, leur redonner la main, tels des relais humains.
Quel regard portez-vous sur l’entrée en vigueur du pass sanitaire ?
Il faut se faire vacciner. Nous n’avons pas vraiment d’autres solutions. Le pass sanitaire et les gestes barrières - marques de respect vis-à-vis des autres - deviennent incontournables pour étudier, travailler, voyager. Sinon, on sera hors-jeu, en particulier dans nos métiers, basés sur les contacts humains. Pour cette rentrée 2021-2022, faisons confiance aux comité scientifiques de tous les pays. Réapprenons à vivre collectivement : la formation est collective, le tourisme est collectif.
Dans ce contexte de crise sanitaire et d’incertitudes, quand l’Amforht prévoit-elle un prochain forum international ?
Le prochain forum de l’Amforht, qui compte 700 membres répartis dans 77 pays, aura lieu en octobre 2022 à Genève, au Palais des Nations et dans une école hôtelière suisse. Avec la crise sanitaire, le secteur du tourisme est à l’arrêt. Mais cela va repartir. Je suis optimiste sur ce point, car les investissements, dans le secteur hôtelier notamment, ne se sont pas arrêtés. On recense autant de projets d’hôtels et de resorts qu’avant la crise. Les fonds d’investissement continuent de croire au tourisme. À cela s’ajoutent la Coupe du monde de football au Qatar en 2022, la Coupe du monde de rugby en France en 2023 et, bien sûr, les Jeux olympiques à Paris en 2024... autant d’événements pour lesquels il va falloir recruter dans nos métiers. Ne perdons pas la main. Ne perdons pas de vue non plus que ce que nous mettons en place pour sortir de la crise est observé de près par les autres pays. La France a un rôle moteur et peut montrer quelques pistes à suivre.
#PhilippeFrançois# AMFORHT
Publié par Anne EVEILLARD
lundi 9 août 2021