L'Hôtellerie Restauration : Philippe Maidenberg, diriez-vous que vous avez un style ?
Philippe Maidenberg : Je n'estime pas avoir ou présenter un style. Tout me va, tant que ce n'est pas sérieux. J'aime quand il y a de la légèreté dans les projets. Je n'aime pas la rigidité. J'aime aussi la mobilité, je n'aime pas les choses statiques. Je n'ai ni couleur préférée, ni matériaux ni tissus privilégiés. En revanche, j'aime être surpris. Mes hôtels plaisent à ceux qui aiment être surpris. Si vous prenez Le Joyce, c'est un hôtel conçu pour des personnes qui ont gardé une âme d'enfant, et qui sont âgées de 7 à 77 ans. Leur seul point commun, c'est l'élégance.
D'après vous, quelles sont les tendances actuelles ? Avez-vous observé une évolution ces dernières années ?
Les règlementations sur la sécurité, les normes incendie et celles relatives à l'accessibilité ont bouleversé le travail des architectes. Les autres, les vraies tendances, viennent du travail de Ian Shraeger à New York et Philippe Starck et Andrée Puttman en France. Depuis, rien n'a vraiment changé. Par exemple, le mobilier dont je m'inspire est tiré d'une collection d'oeuvres danoises et finlandaises qui datent de 1930.
On voit aussi apparaître une certaine profusion d'hôtels thématiques, mais c'est une chose dont on se lasse aussi. En ce qui me concerne, je crois que la vraie révolution existe dans les rencontres. Ce sont elles qui font évoluer les choses. Je pense avoir appris davantage en travaillant sur Le Triangle d'or, avec les musiciens qui ont participé à la réalisation de cet hôtel qu'avec l'arrivée des nouvelles technologies.
Cela ne veut pas dire que je ne les utilise pas. En tant qu'architecte, je travaille beaucoup sur le numérique. Je viens par exemple de terminer, pour le Bel Ami, un espace au rez-de-chaussée - café-bar- restaurant - où nous avons utilisé des bandes vidéos pour donner une impression de balade le long des rues. Cela crée une sorte de décor mobile, qui échappe à la pesanteur. Je pense également qu'au 123 Sébastopol, nous allons installer partout de la domotique. Mais pour moi, ce ne sont pas des « tendances » , ce sont uniquement des outils.
Quels sont les hôtels qui vont ont le plus marqué ?
Philippe Maidenberg : Si le Lorette dont les travaux remontent à neuf ans, a été le point de départ d'une expression plus libre, c'est Le Joyce qui constitue un tournant dans mon expérience professionnelle. Le Triangle d'or est aussi un moment important pour moi. Les rencontres que j'ai pu y faire m'ont en effet profondément marquées et m'ont permis d'évoluer.
Publié par Évelyne de Bast