Le secteur de l'hôtellerie-restauration est l'un des rares qui, même en période de crise, continue à offrir des emplois. Cela, tout le monde le sait. Ce qui est en revanche moins connu, c'est la réalité des métiers et des entreprises de cette branche. Pire, il semble que même les prescripteurs de l'emploi et de l'orientation (conseillers d'orientation, conseillers de missions locales et Pôle emploi) n'ont qu'une vision floue de la vie des hôtels et restaurants et des compétences nécessaires pour y travailler.
Fort de ce constat, la commission régionale paritaire de l'emploi et de la formation a organisé des réunions permettant des échanges directs avec ces interlocuteurs. Quatre réunions se sont ainsi déroulées, la première à La Rochelle en février, les trois autres en avril, à Angoulême, Niort et Poitiers. Cette initiative régionale n'est pas un cas isolé : d'autres opérations ont déjà eu lieu en Bourgogne. Mais il s'agit à chaque fois d'actions locales, menées conjointement par la région et les professionnels et suffisamment rares pour être soulignées.
Première particularité : ces rencontres ont eu lieu dans les établissements-mêmes : à Niort, le restaurant Sorrento a ainsi permis à des conseillers d'orientation ou à des cadres de Pôle emploi de se retrouver directement confrontés à la vie d'une entreprise. C'est ce qu'a d'ailleurs apprécié tout particulièrement Fanny Thomas, responsable d'équipe sur le Pôle emploi de La Rochelle Bel Air "On n'a pas tous les jours l'occasion de voir la partie arrière d'un restaurant. Le vrai plus de cette réunion, c'est de pouvoir échanger avec des professionnels, comme le chef ou le second de cuisine."
Débattre et échanger
À cette vision concrète, a succédé une présentation plus formelle réalisée par les représentants du Fafih sous forme de diaporama présentant les particularités du secteur. En Poitou-Charentes, 2 000 postes sont ouverts chaque année à de nouveaux professionnels soit une création de 16 % d'emplois nets en dix ans. Et, comme dans le reste du territoire, ce sont les métiers du service à la clientèle qui concentrent la moitié des besoins, alors que les jeunes, eux, sont plutôt demandeurs de formation en cuisine.
Si ces chiffres ne sont pas une surprise pour les participants, ils ont le mérite de lancer le débat. Et certains aspects des métiers sont nettement moins familiers. Une participante admet ainsi qu'elle n'avait "pas conscience de l'exigence de mobilité", rappelée au cours de cette présentation. Si la forte hiérarchie qui existe parfois dans des établissements importants a parfois semblé étonner, José Fuster, responsable du pôle hôtellerie-restauration au campus des métiers de Niort, a également précisé que "les jeunes sont aussi parfois demandeurs de ce cadre-là ".
Évoquer la diversité des entreprises et les particularités qui en résultent pour les salariés est donc essentiel. "On peut avoir un jeune qui dit ne plus vouloir travailler dans ce domaine, explique Fanny Thomas. Comprendre pourquoi nous permet d'être plus fins dans notre analyse et éventuellement de les réorienter vers d'autres établissements qui peuvent mieux lui correspondre." C'est là tout l'enjeu d'une telle matinée.
Publié par Élodie BOUSSEAU