C'est sur un tableau bien sombre que se sont ouvertes les Premières assises du recrutement, fin mars dernier à Paris. Organisées à l'initiative de Syntec conseil en recrutement, syndicat représentatif de la profession, Yves Bardon a amorcé les débats en rappelant que 19 % des Français seulement "font confiance en l'avenir", contre 55% des Américains. Le directeur de la prospective chez Ipsos a également souligné que l'avenir est en Chine ou en Arabie Saoudite pour 70 % des décideurs et entrepreneurs. Autrement dit : l'Europe ne fait plus rêver. "Un tiers des Français veulent revenir au franc. Le présent est un problème et demain paraît pire. L'individu se sent seul, d'où le succès du coaching", a ajouté Yves Bardon.
"Les salariés ont besoin de reconnaissance"
Toutefois, à la question "Avez-vous songé à quitter votre entreprise ?", la réponse est non. On accepte la pression, les tensions, le stress. On vit avec, par peur de ne pas être embauché ailleurs. Un constat à nuancer toutefois dans l'hôtellerie-restauration, qui reste l'un des premiers secteurs qui recrute. Malgré cela, Yves Bardon est formel : "tous les salariés ont besoin de reconnaissance, d'encouragement, de confiance."
Avis partagé par Robert Ostermann, directeur général des Boulangeries Paul, présent aux premières Assises du recrutement : "les salariés sont demandeurs de considération sur leur lieu de travail, ainsi que les candidats durant un entretien. Il faut éviter les fausses promesses, ne pas trahir celles et ceux qui postulent." Quant aux a priori, Robert Ostermann s'en méfie. "Je me souviens d'un entretien avec un candidat, raconte-t-il. Je pensais qu'il ne conviendrait pas au poste à pourvoir. Trois de mes collaborateurs m'ont soutenu que je me trompais. J'ai suivi leur avis. Aujourd'hui ce candidat a été embauché et c'est l'un de nos meilleurs éléments." Durant les débats, les adhérents du Syntec ont d'ailleurs pointé les limites des réseaux sociaux dans le cadre du recrutement : "Facebook ne peut prendre le pas sur un entretien d'embauche."
500 recrutements par an au sein des boulangeries Paul
"Le constat de l'institut Ipsos, c'est le fond de la casserole", a également commenté le patron des Boulangeries Paul. Optimiste, même en période d'incertitude, Robert Ostermann annonce quelque 500 recrutements par an dans ses 380 établissements hexagonaux. Par ailleurs, pour fidéliser et limiter le turnover, il a mis en place un "passeport" et un projet baptisé "Paul position 2015" (voir encadré). À l'écoute de ses salariés - "la porte de mon bureau est toujours ouverte" -, il croit au dialogue, à l'échange, "à la pédagogie, à l'engagement", à l'ouverture sur le recrutement des personnes handicapées et des seniors. Un point de vue sur les ressources humaines qui a de quoi séduire. Mais Robert Ostermann connaît le sujet par coeur : "J'ai dirigé le réseau d'agences d'emploi Adia de 2007 à 2011."
Publié par Anne EVEILLARD