“Avoir recours le moins possible aux CDD”
Louis Privat, propriétaire du restaurant Les Grands Buffets de Narbonne (Aude)
“S’il y a une chose que je n’accepte pas, c’est que l’on reproche au secteur privé ce dont le secteur public abuse : l’usage des contrats courts. Des confrères sont obligés de travailler avec des CDD. Aux Grands Buffets, nous avons 150 CDI et une dizaine de CDD par an. Notre volonté est d’embaucher en CDI, au-dessus du smic, des gens que nous formons pour rester. Face à la fluctuation de l’activité, nous jouons sur les jours de congés. Cependant, une réforme des contrats courts peut aussi avoir des points positifs sur les comportements, en matière, par exemple, de perception d’indemnités chômage.”
“Une activité en plein essor”
Laurent Poulain, autoentrepreneur en Île-de-France
“Je fais des extras depuis l’âge de 17 ans et j’en ai 50 aujourd’hui. Il y a sept ans, j’ai pris une place en CDI comme maître d’hôtel dans une salle-à-manger de direction. En parallèle, je me suis lancé en autoentrepreneur pour conserver ma clientèle de particuliers. Ce format convient à tout le monde, car mes clients d’aujourd’hui exigent de la simplicité et de la légalité. Je délivre ma facture au client et c'est fini pour lui, a contrario des CESU qui demandaient des déclarations en ligne et des complications administratives. Lorsque j’étais intermittent de la restauration, des collègues parlaient un peu trop de leur indemnisation. Je ne suis pas étonné par les réformes à Pôle emploi.”
“On nous impose de nouvelles taxes alors que nous offrons du travail”
François Destandau, directeur de l’hôtel 3 étoiles Astoria Vatican à Lourdes (Hautes-Pyrénées)
“Que les CDD soient surtaxés de 14,5 %, pourquoi pas, si en contrepartie nos saisonniers sont mieux indemnisés par l’Assurance chômage... Mais cela semble l’inverse. La deuxième ville hôtelière de France a une activité saisonnière. Nous ne pouvons pas embaucher en CDI. Imposer de nouvelles taxes alors que nous offrons du travail, c’est nous mettre de nouveaux bâtons dans les roues dans un contexte où nous ne trouvons pas de personnel.”
“Je doute de l’avenir”
Damien, 42 ans, intermittent de la restauration en reconversion à Paris
“La précarité a été la rançon de ma liberté. J’ai découvert la France par les portes de service. Nous avions le filet de sécurité de l’Assurance chômage. Tout cela va s’effondrer. Je doute de l'avenir. À 40 ans passés, on sent bien que nos employeurs veulent du sang frais. On voit arriver la concurrence des autoentrepreneurs : des jeunes qui bousculent les anciens à qui ils reprochent de ne pas leur céder la place. Certains travaillent à moins de 10 € de l’heure. C’est du dumping social. Et puis le travail non déclaré pourrait connaître un nouvel essor avec les réformes...”
Publié par Francois PONT