"Être
seul au monde !" Voilà en quatre mots la définition
absolue du luxe pour Damien Bastiat, le directeur français de
Ballyfin, une maison de maître victorienne installée dans la
campagne irlandaise et transformée en 2011 en hôtel de luxe par un
riche investisseur américain. "Lorsque l'on m'a proposé
en 2014 de prendre cette direction, j'ai pensé que je n'avais pas
les épaules assez larges", confesse l'ancien élève de
l'école hôtelière de Capbreton (Landes) qui va porter aux nues la
réputation d'un lieu hors du temps. En effet, en 2016, l'hôtel a décroché le titre de plus bel hôtel au monde pour le magazine Condé Nast Travellers.
"À Ballyfin comme
ailleurs, nos clients ont besoin du confort moderne. L'idée est de
proposer autre chose que de regarder la télévision. Mais s'ils le
désirent, les écrans, bien que dissimulés dans les armoires, sont
à disposition dans les chambres. De même, si un visiteur a besoin de
travailler, je lui prête mon bureau", explique Damien Bastiat
alors qu'il revient des États-Unis où un autre magazine, Travel
& Leisure, vient de lui délivrer le titre de meilleur hôtel
de la zone Royaume-Uni-Irlande pour 2017.
Une reconnaissance de plus
pour la singularité de Ballyfin dont la capacité d'accueil n'excède
pas 39 clients sur un site de 30 000 m2 : "Nous
avons 90 employés que nous formons à notre doctrine : donner
le sentiment à nos clients qu'ils sont seuls au monde, anticiper les
désirs mais dans la discrétion. Les clients m'appellent Damien et
connaissent tous mes collaborateurs par leur prénom. Je suis le seul Français. 60 % du personnel est local. Le chef étoilé est
allemand. Je ne recherche pas des gens qui ont travaillé dans les
palaces mais des employés avec une fraîcheur et une mentalité
aptes à embrasser notre philosophie. Mon majordome en chef est un
ancien charpentier ! Les cadres maîtrisent les techniques de
l'hôtellerie et forment des employés inexpérimentés. C'est le
meilleur moyen de combattre les comportements stéréotypés.
Ballyfin ne doit pas offrir la même expérience que dans des grands
hôtels standardisés. Une cliente l'a relevé dans un commentaire
sur Internet en écrivant que ce qui fait la différence à
Ballyfin, ce sont les employés", s'enthousiasme
Damien Bastiat qui dirigeait auparavant Gidleigh
Park à Chagford dans le Devon (Angleterre), un Relais
et Châteaux deux étoiles Michelin.
Le
repos par la déconnexion
Dans
le plus bel hôtel du monde, les clients ne font pas face à leur
écran de smartphone mais se parlent entre eux ; le bruit
dominant est celui du crépitement des cheminée et les visiteurs
peuvent retrouver le goût de la lecture puisque leurs livres
préférés seront déposés dans leur chambre avant leur arrivée.
"Spa, activité de fauconnerie, ball-trap, tir à l'arc,
balade en calèche ou à cheval, pêche avec un professeur... En
moyenne, nos clients restent trois jours en faisant autant OU aussi
peu qu'ils le veulent ! Dans la propriété, nous disposons
d'une petite maison que nous appelons la 'technic house".
Elle fait face à la vallée avec une cheminée et une baie vitrée.
Nos clients peuvent s'y déconnecter la journée, mais pas la nuit car
il n'y a pas d'électricité. Ce chalet est un véritable
échappatoire", s'enthousiasme Damien Bastiat, qui constate
une augmentation de 17 % de la fréquentation depuis le titre de
meilleur hôtel du monde.