Retour d'expérience : "J'ai repris un restaurant en faillite et son équipe de 30 personnes"

Paris (75) La famille Dérout vient d'acquérir un nouvel établissement, la Villa Corse rive-droite, dans le cadre d'une reprise suite à un redressement judiciaire.

Publié le 26 novembre 2015 à 11:08


Dans la famille Dérout, la brasserie est un métier de père en fils. Après un premier établissement à Porte de Montreuil, puis, un second à Vincennes, la famille vient d'acquérir la Villa Corse rive-droite. Mais cette fois, la reprise s'est faite dans le contexte particulier du redressement judiciaire. Une procédure à la fois intense et déroutante, selon les repreneurs.

"Ce fut très différent d'une cession ordinaire. La procédure est si spécifique qu'il nous aurait été impossible d'aller jusqu'au bout sans être accompagné par un spécialiste", souligne Sébastien Derout, 34 ans, nouveau propriétaire de l'établissement. Il faut dire que la reprise s'effectuait dans le cadre d'une procédure collective particulière. Avec 200 m² de surface commerciale, 170 couverts et 30 salariés, l'entreprise avait été mise en redressement judiciaire en avril 2015, puis, en liquidation judiciaire avec maintien de l'activité*. La reprise s'effectuait donc dans le cadre d'un plan de cession diligenté par un administrateur. "D'habitude en cas de redressement judiciaire, l'acquéreur peut rencontrer le propriétaire et l'équipe en place pour se faire une idée de l'ambiance de travail qu'il pourra insuffler, discuter des particularités de l'affaire", explique Ali Talla négociateur Century 21 Horeca Paris, spécialisé dans la reprise en procédure collective depuis 25 ans et qui a assisté la famille Derout tout au long de la procédure. Mais ce ne fut pas le cas dans cette reprise. "Nous avons eu accès à une vue d'ensemble très générale une seule fois, lors d'une visite collective initiée par l'administrateur et en compagnie d'une trentaine d'autres visiteurs", détaille Sébastien Derout. Pas évident de se faire une idée précise et complète de l'affaire dans ces conditions. L'accompagnement par un intermédiaire en transmission d'entreprise prend alors une importance cruciale pour le bon déroulement du processus. "Ils nous ont accompagnés du début à la fin avec un professionnalisme et un respect que je n'imaginais pas, qui m'a d'ailleurs fait changé d'avis sur les agents de la transaction", témoigne Gérard Derout, 63 ans, le père associé dans l'entreprise familiale.

 

 

Délais serrés

 

Autre particularité, des délais serrés et rythmés par des dates limites imposées par l'administrateur. "Un processus intense et perturbant à la fois parce qu'on est tributaire de la justice et que l'on a l'impression de ne rien maîtriser", témoigne le fils. À l'issue de la visite, ils ont trois semaines pour faire une première offre. Or, dans le cadre d'un redressement judiciaire, faire une offre signifie fournir une liste précise et complète de documents tels qu'un résumé de parcours agrémenté des trois derniers bilans de la précédente affaire exploitée pour prouver leur aptitude à pérenniser l'activité, une offre de reprise précisant le prix et les postes maintenus, un prévisionnel sur trois ans établi par un expert-comptable, un projet de statut de société, un accord bancaire ferme. "Notre banque était prête à nous suivre, mais elle avait eu pour client l'établissement en faillite que nous reprenions. Nous soutenir lui était donc impossible", explique le jeune exploitant. Ils se tournent alors vers CrédiPro, courtier spécialisé dans le secteur des CHR.

Une fois le dossier constitué, ils reçoivent une synthèse de l'ensemble des offres. "Cela nous a permis de hausser le prix de la nôtre pour mieux nous positionner", confient les acquéreurs qui déposent donc une seconde offre, à la suite de laquelle ils sont convoqués devant le tribunal de commerce à la mi-juillet. Ce jour là, ils sont face à cinq autres candidats. Chacun d'eux est invité à défendre oralement son projet en audience privée devant les juges, le procureur de la République et le représentant des créanciers.

Quelques jours plus tard, la famille Derout apprend que sa candidature est retenue. "L'engagement de maintenir l'ensemble des emplois à l'exception d'un poste a définitivement joué en leur faveur", précise Ali Talla. C'est un jugement d'homologation du plan de cession accompagné d'un certificat d'entrée en jouissance qui permet aux repreneurs d'entamer des travaux rapidement. "Nous devions refaire 80 % de la cuisine qui était vraiment dans un état lamentable. Cela n'a pas été simple. Avec le personnel d'une part, qui ont été mis en chômage partiel, avec les entreprises de rénovation d'autre part, qui n'ont pas été facile à trouver en plein mois d'août", détaillent les acquéreurs.

 
La Villa Corse rive-droite a ouvert début novembre, avec une équipe quasi identique mais une nouvelle carte et un nouveau nom : 'Le 141', en clin d'oeil à son adresse, le 141 Avenue de Malakoff à Paris XVIe.

 
 

*Procédure qui suit les règles du redressement judiciaire malgré la liquidation.


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Publié par Tiphaine BEAUSSERON



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