Un restaurant à but non lucratif ? C'est le concept déployé par le Robin des bois. Depuis 2006, tous les bénéfices de cette enseigne montréalaise sont reversés à des associations caritatives luttant contre la solitude, la pauvreté et l'isolement social. Chaque jour, les quinze employés sont épaulés, en cuisine comme en salle, par une vingtaine de bénévoles aux parcours variés (artistes, étudiants en hôtellerie, médecins, retraités, chômeurs, immigrants…). Soit, au total, une banque de 4 000 noms.
Ici, les valeurs communautaires et humanistes vont de pair avec un esprit ludique et convivial. Judy Servay, à l'initiative du projet, s'est rendu compte que "le fait d'aider directement des gens dans le besoin peut parfois être difficile sur les plans émotif et moral. Au Robin des bois, nous agissons pour les autres, mais avec plaisir."
Le concept attire d'ailleurs des groupes d'employés, venus dans le cadre de 'team building', ou encore des pré-ados, auxquels le restaurant propose des ateliers pendant la période estivale. "Les 10-13 ans participent à la préparation du repas de midi et sont initiés au service à table. Nous leur faisons découvrir des plats de différentes origines : une soupe thaïlandaise, des brochettes grecques, de la pâte à pizza…", précise la directrice.
Produits issus de jardins communautaires
Côté cuisine, la touche multi-culturelle est justement de mise. Les deux chefs (le Français Mathieu Duchamp et le Québécois Sébastien Courville) naviguent entre soupe dahl, curry doux de fromage haloumi, bavette à l'échalote, tian d'agneau… Mais aussi des plats végétariens ou sans gluten. "Quand on parle de restaurant communautaire, certains s'imaginent un lieu avec des néons… Mais ici, c'est sympa et surtout c'est bon, s'enthousiasme Judy Servay. Même l'ancien Premier ministre du Québec, Bernard Landry, vient manger chez nous! Tout est fait maison et nous travaillons avec des produits locaux, souvent issus de jardins communautaires."
Afin de résister à la récession et à la concurrence montréalaise de plus en plus aiguë, l'établissement de 120 places mise sur son rapport qualité-prix (entre 11 et 15 € pour un plat le soir) et multiplie les initiatives : des concerts hebdomadaires gratuits avec des musiciens de renom, le lancement de produits dérivés faits maison (marinades, confitures, vinaigrettes…), ou encore une "salle de défoulement". "Contre un don volontaire, les clients reçoivent une tasse ou une assiette. Ils écrivent ce qu'ils veulent dessus et la lancent sur un mur", explique-t-elle. Il paraît que les clients adorent…
Publié par Violaine BRISSART