Leçon de vie
Depuis 2005, les entreprises doivent répondre à une obligation d'emploi des travailleurs handicapés. « Un chef d'entreprise se doit de respecter les lois. Mais nous rencontrons parfois de grands moments de solitude. Ca été le cas avec cette loi. Lors d'un entretien d'embauches, certaines questions sont interdites. C'est le médecin du travail qui valide l'aptitude au poste de la personne concernée… Ce type d'embauche est particulier, il faut prendre aussi en compte les aspects pratiques et l'acceptation des équipes en place. On va inévitablement imposer de nouvelles contraintes » livre Stéphane Malchow, directeur général de la Brasserie Mollard. La Mission Handicap du Synhorcat, qui s'est construite au fil des problématiques rencontrées par les entreprises, maîtrise heureusement le sujet. « Quand elle m'a dit qu'il pouvait s'agir d'un contrat d'apprentissage, j'ai vu les choses autrement. L'apprentissage, c'est l'avenir. Ce sont ceux qui vont nous succéder et à qui nous transmettons nos valeurs. Nous partageons quelque chose de fort avec les jeunes en apprentissage ». Un stage d'immersion professionnel est prévu avant toute signature et pour Melisande, sa rencontre (15 jours) avec l'établissement a conforté sa décision. « Je ne connaissais pas la dimension historique du restaurant, à ce moment là, heureusement, car cela m'aurait fait peur » confie-t-elle. Le CFA Mederic relève de son côté le défi scolaire. Melisande vient d'une famille « d'entendants ». « J'ai l'habitude de communiquer avec, explique-t-elle. Mais c'était la première fois que j'allais en cours avec des entendants. Je vous avoue que j'ai eu peur que cela me mette en situation d'échec. » Son handicap lui permet d'avoir toutefois un quota d'heures avec interprète. « Quand j'ai fait la visite de l'école, un élève s'est spontanément proposé pour prendre des notes. En classe, c'est la même chose. Ils m'aident par l'écrit. Pour tout ce qui est technique, je n'ai pas trop de soucis car ce sont des gestes. Je procède par mimétisme. En revanche, je privilégie la présence de l'interprète pour tout ce qui est biologie, scientifique ». Pour Stéphane Malchow, cette expérience vécue avec Melisande « nous permet à tous de grandir. Cela aurait pu ne pas fonctionner. Pour que ça marche, il faut que toutes les parties soient motivées. Là, ça a matché ! En tant que dirigeant, c'est vraiment une belle aventure ».
Publié par Sylvie SOUBES