"La crise sanitaire n’est pas encore derrière nous que les hôteliers-restaurateurs doivent composer avec de nouvelles exigences réglementaires en matière de responsabilité sociale et environnementale (RSE). Alors que la réaction à l’urgence climatique est aujourd’hui devenue un impératif, comment en faire une priorité pour tous les acteurs du secteur, et pas uniquement les grandes chaînes hôtelières ?
L’écologie n’est pas une préoccupation nouvelle dans l’hôtellerie-restauration. Depuis longtemps déjà, les hôteliers - et tout particulièrement les grandes chaînes - réduisent l’usage du plastique, incitent leurs clients à limiter les changements de draps et serviettes et invitent à réduire la consommation d’eau. Mais il faut désormais aller plus loin, pour des raisons d’urgence climatique, comme l’a rappelé récemment le dernier rapport du Giec, mais aussi, plus pragmatiquement, pour suivre les évolutions réglementaires.
En effet, l’entrée en vigueur progressive du décret tertiaire impose aux hôteliers de réaliser des économies d’énergie dans les bâtiments de plus de 1 000 m². À cette obligation s’ajoute l’application du dispositif de la responsabilité élargie du producteur (REP) aux bâtiments cette année, puis aux emballages de la restauration l’an prochain.
Éco-conception, prévention des déchets, allongement des durées d’usage, gestion de la fin de vie, achat local, économie circulaire… La liste des enjeux s'élargit ainsi chaque année. Si les grands groupes hôteliers ont les moyens de mobiliser des spécialistes de ces sujets et de mettre en place des plans d’action, les indépendants - la grande majorité des acteurs de l’hospitalité en France - ne sont pas aussi bien armés, loin de là !
Et ce, d’autant plus qu’ils doivent gérer au même moment une hausse inédite des coûts, des risques de pénurie, des difficultés de recrutement, la lente reprise des voyages d’affaires, ou encore l’application de mesures sanitaires toujours d’actualité.
Les fournisseurs de l'hôtellerie en première ligne
À leur niveau, les hôteliers peuvent toutefois renforcer leurs actions pour limiter la consommation d'énergie, la pollution et la consommation d’eau dans leurs établissements. Néanmoins, la solution à bon nombre des problématiques RSE ne viendra pas nécessairement des hôtels, mais plutôt des fournisseurs et des centrales d’achat. Il n’y aura d’ailleurs pas de solution miracle, mais un ensemble de nouvelles offres et de propositions innovantes.
Des initiatives récentes montrent que les hôteliers, comme les clients, sont prêts à changer leurs usages : les distributeurs de savon remplacent progressivement les shampoings et gels douches conditionnés dans des récipients plastiques à usage unique, les surplus des petits déjeuners sont distribués à des associations ou proposés sur des applications anti-gaspi, etc.
Dépasser les effets d’annonce
Avec toutes ces initiatives, le danger serait de tomber dans le cosmétique, l’anecdotique, ou pire, le 'greenwashing'. Quel est l’impact réel de quelques ruches sur le toit ou d’une culture de plantes aromatiques dans la cuisine de l’hôtel ? Il faut aujourd’hui aller au-delà des effets d’annonce pour avoir un réel impact, mesurable et vérifiable.
Beaucoup de problématiques restent encore sans réponses à l’heure actuelle : comment gérer le tri des poubelles à l’échelle de tout un hôtel ? Comment acheter localement quand les fournisseurs proposent une offre nationale ? Comment mettre aux normes un bâtiment classé ? Comment remplacer les bouteilles en plastique dans les chambres, alors que les alternatives représentent encore des coûts importants ?
Malheureusement, la plupart des hôteliers n’ont aujourd’hui pas la capacité humaine, financière ou en termes de compétences pour traiter de front toutes ces problématiques. Il y a là une belle opportunité pour de nouveaux acteurs de se positionner en interlocuteur unique sur les sujets RSE de l’hospitalité, afin de faciliter la vie des nombreux indépendants de l'hôtellerie-restauration.
Un impact aussi sur l’attractivité du secteur
Enfin, la RSE ne concerne pas seulement les enjeux écologiques. La dimension sociétale est d’autant plus forte actuellement que le secteur est confronté à une grave crise de recrutement. Adopter des pratiques plus écologiques, mais aussi plus respectueuses des collaborateurs, par exemple en prenant en compte la pénibilité, les horaires décalés, le besoin de formation, peut et doit devenir un levier d’attractivité et de fidélisation pour les talents."
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