Le champs des métiers couverts par la validation des acquis de l'expérience (VAE) est vaste. Tous secteurs confondus, 11 000 à 12 000 diplômes pourraient être validés de la sorte. Pourtant, dans le secteur de l'hôtellerie-restauration, le nombre de salariés s'engageant chaque année dans une VAE reste encore marginal. Pour la Direction académique de validation des acquis (Dava) de Paris, il n'y aurait eu en 2009 que 9 CAP, 8 bac pro et 5 BTS. Mais, nuance Laurence de Lavau, directrice de la Dava d'Île-de-France, "il est difficile d'avoir un nombre exact de diplômés car il existe des parcours différenciés : les personnes qui s'inscrivent à l'Éducation nationale et demandent un accompagnement - qui représentent la moitié des effectifs -, et celles qui suivent la procédure en individuel."
Chaque candidat, en fonction de son statut, du diplôme qu'il souhaite obtenir, et de son entreprise peut s'engager auprès d'un organisme certificateur différent. Il en existe au moins 5 parmi les plus importants, mais ce ne sont pas les seuls : l'Éducation nationale, du CAP jusqu'au BTS, le ministère du Travail - avec l'AFPA -, les branches professionnelles -avec le CQP -, les chambres de commerce, les universités et le ministère de l'Agriculture. Chaque certificateur fonctionne selon ses propres règles. Et il n'est pas toujours facile de s'y retrouver.
Une démarche personnelle
D'autres éléments peuvent être des obstacles à la prise de décision. La durée de l'engagement, par exemple, peut sérieusement rebuter quand on songe à s'engager dans une VAE. "C'est une démarche personnelle longue, explique Laurence de Lavau. Il faut compter trois ou quatre mois pour valider son projet. Généralement, les étapes se font au travers de séances collectives, mais nous pouvons aussi proposer des séances de coaching pour ceux qui sont hors délais. Il est souvent plus facile d'être à plusieurs pour apprendre à parler en public et présenter un dossier."
De leur côté les entreprises, qui devraient être de véritables ambassadeurs de la VAE, ne remplissent pas toujours ce rôle. "Si certaines, souvent les plus importantes, l'ont inscrite dans leur gestion prévisionnelle des emplois, présentant la VAE comme un vrai projet RH, la plupart ne maîtrisent pas vraiment le processus", estime Laurence de Lavau. Par ailleurs, certains candidats préfèrent taire à leur employeur leur volonté de recourir à la VAE, soit parce qu'ils sont déjà en recherche d'un nouvel emploi, soit parce qu'ils pensent que cela pourrait leur porter préjudice au sein de l'entreprise. "Nous souhaiterions que les employeurs s'investissent davantage dans ce processus, explique Laurence Davau. Nous devrions intensifier notre communication auprès des employeurs qui peuvent trouver beaucoup d'avantages à avoir des employés motivés, ambitieux."
Rappelons enfin que la VAE ne coûte rien à l'entreprise, puisque les frais d'inscription, compris entre 700 et 900 €, sont pris en charge soit par un organisme paritaire collecteur agréé (OPCA), soit par le conseil régional pour les demandeurs d'emploi, comme en Île-de-France.
À Nice, la communication a été relayée par les médias, notamment lorsque Richard Duvauchelle, directeur du Palais Stéphanie à Cannes, a passé avec succès son BTS, à 58 ans, puis son master. Mais cet exemple est bien trop isolé. Une communication à l'échelle nationale devrait être relancée pour mobiliser employeurs et employés. La VAE est un outil de valorisation personnelle en même temps qu'un outil de mobilité externe, un acquis social à ne pas négliger. Ce que certains groupes ont d'ailleurs bien compris, puisqu'ils intègrent ce dispositif dans leur politique de ressources humaines.
Publié par Évelyne de Bast