Vincent Tissier : "En Suisse, il y a une profonde culture de l'hospitalité et de l'ouverture au monde"

Suisse Vincent Tissier, directeur adjoint à La Réserve à Genève (Suisse), répond à diverses questions sur son parcours, les avantages de l'hôtellerie suisse et les difficultés à surmonter…

Publié le 24 avril 2013 à 12:19
L'Hôtellerie Restauration : Pourquoi avoir choisi de travailler en hôtellerie après avoir obtenu un diplôme bac+5 en marketing d'une école de commerce ?
Vincent Tissier : C'est plutôt le schéma inverse qui s'est produit. J'étais très attiré depuis longtemps par le secteur de l'hôtellerie de luxe de par son ouverture naturelle à l'international et la complication de son organisation pour satisfaire et surprendre encore et toujours le client. J'ai choisi de poursuivre mes études en bac + 5 dans le domaine de la gestion et du marketing afin d'acquérir de bonnes bases managériales dont je savais qu'elles me seraient utiles en gravissant les étapes d'un métier plus "technique". La technique de ce métier, je l'ai ensuite acquise "sur le terrain" en acceptant volontiers de commencer par la base. 

Le passage par un poste en réception vous a-t-il été nécessaire avant d'exercer comme responsable régional des ventes au Meurice ?
Justement… Ce qui est vrai sans doute dans de nombreux métiers, l'est peut-être encore plus dans l'hôtellerie : la connaissance et la proximité du terrain est fondamentale.
Par ailleurs, je considère que nous sommes quasiment "tous" des vendeurs au sein d'un hôtel… ou pour le moins, tous des "ambassadeurs". Lorsqu'un serveur propose la carte des boissons en après-midi au bar, il est en position de "vendeur".
Le passage sur le terrain et notamment en réception m'a donc été utile en amont de mon poste en vente. D'une part, il faisait partie de mon apprentissage, d'autre part il m'a permis de mieux appréhender le client final dans sa diversité et ses attentes. Enfin, il m'a sensibilisé à une partie de la vente au travers de la réservation et de l'upselling. 

Après une expérience riche dans des établissements prestigieux en France (Le Crillon, Cap Eden Roc, Montalembert), vous travaillez dorénavant en Suisse. Quelles différences ou particularités percevez-vous dans le management en Suisse ?
Il y a en Suisse, en complément d'une vraie rigueur reconnue de tous, une profonde culture de l'hospitalité et de l'ouverture au monde. Genève en est un bel exemple.
C'est un pays très multiculturel sous plusieurs aspects et notamment ceux du management compte tenu de la diversité des origines des personnes occupant des fonctions managériales dans l'hôtellerie. Cela n'est pas étranger au fait qu'il y ait en Suisse quelques écoles hôtelières de renommée internationale.
Enfin, les propriétaires des belles maisons sont encore très souvent (ce qui n'est quasiment plus le cas en France) des individuels qui, même s'ils confient leurs maisons à des marques hôtelières ou des sociétés de gestion, restent "présents". Cela confère un "complément d'âme" aux établissements et sans doute une approche un peu plus "paternaliste" dans le management. 

Présentez-nous la Réserve à Genève…
Plus qu'un hôtel de luxe, La Réserve Genève est une "destination", un "resort-urbain" confortablement établi dans un vaste parc, sur les rives du Lac Léman, au coeur d'un quartier résidentiel de la ville.
Un luxe empreint de simplicité, de discrétion et de sincérité… avec l'excellence pour vocation et promesse…
Offrant cinq restaurants bien distincts dans leur concept et très courus sur la ville, la Réserve est aussi un vrai lieu de vie et de rendez-vous pour la clientèle genevoise, créant ainsi une véritable ambiance au fil des jours et des heures.
Son spa de plus de 2 000 m2 outre sa taille, la qualité et la diversité de ses installations proposent une approche innovante et globale au travers du concept du "better aging" fort d'une belle équipe enrichie d'un corps médical.
C'est enfin une invitation au voyage… au coeur de Genève et pourtant à l'écart des tumultes de la ville, sa décoration signée Jacques Garcia s'inspire des plus élégants Lodge des "réserves" africaines…
En quelques chiffres… 102 chambres et suites, 5 restaurants et 1 spa, un jardin de 4 hectares avec accès privé au lac, ponton et service bateau… Le tout animé par presque 300 collaborateurs. 

Quelle est la proportion de Français travaillant dans votre hôtel ? Sur quels postes ?
Cela peut varier mais étant localisés si proche de la frontière, environ 40 % de nos effectifs sont de nationalité française. 

Votre hôtel emploie des stagiaires provenant d'écoles suisses et françaises. Avez-vous perçu des compétences différentes chez les jeunes en fonction de l'origine de l'école ?
Je pense qu'une école, comme une formation, tient essentiellement à ce que l'étudiant y apporte et y donne en terme d'investissement… même s'il est vrai qu'il ne faut pas négliger la sélection à l'entrée et les moyens humains et matériels mis à disposition par les écoles.
Nous accordons une place privilégiée à "l'attitude" et "l'envie de faire plaisir" dans notre sélection de stagiaires et d'employés… Et cela ne tient pas forcément de l'école mais plus de la personnalité de chacun. 

Quels sont les principaux avantages de travailler dans l'hôtellerie à Genève (conditions de travail, rémunérations…) ?
Il est vrai que pour les salaires de base, la Suisse offre des rémunérations plus attrayantes que la France voisine. Toutefois, plus on monte "en grade", moins cette différence est sensible.
Sur le plan de l'expérience et bien que tout proche géographiquement de la France, Genève est un marché assez différent dans ses codes, son envergure et sa concentration. Venir y travailler offre donc une opportunité de découverte intéressante.
Enfin, on ne peut pas occulter la qualité de vie, de l'environnement et cette formidable ouverture à l'internationale ainsi que la position très centrale en Europe avec de grandes facilités d'accès et de déplacements. 

Et les difficultés à surmonter (administratif, logement, coût de la vie…) ?
Il y a peu de freins administratifs, les employeurs gérant assez rapidement les formalités de permis de travail. Il est indéniable que le coût de la vie sur Genève comme en France, voisine d'ailleurs, est conséquent et en rapport avec les niveaux de rémunération. Le taux d'imposition et les charges de frais de santé ne doivent pas non plus être négligés. Il est aussi à noter que le marché du travail offre des conditions plus flexibles qu'en France, notamment en cas de rupture de contrat. Enfin, et même si cela tient du "détail administratif", loin des 35 heures, l'horaire hebdomadaire est à 42 heures.

Publié par Jean-Philippe Barret, auteur des Blogs des Experts



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