"Vous êtes du quartier ?" "Non, je suis journaliste, comme vous !" "Et la femme assise à côté de vous ?" "Journaliste aussi" "Et le monsieur à côté ?" ""Il a déjà été interrogé par quatre médias." Drôle d'ambiance en terrasse de La Bonne Bière ce dimanche matin, rue de la Fontaine-au-Roi (Paris, XIe). L'établissement, visé par les attaques terroristes du 13 novembre dernier, a rouvert vendredi 4 décembre. Journalistes, curieux, habitués et riverains se côtoient pour un café à un euro. Un peu plus tard, en début d'après-midi, des cameramen filment toujours mais La Bonne Bière semble reprendre ses marques : la salle intérieure est pleine à craquer. Au fond, le bar est encombré de dizaine de verres que le barman peine à laver. "Il manque un serveur déjà qui est en repos tant la journée d'hier a été rude. Nous reprenons les horaires d'avant, soit une ouverture sept jours sur sept, de 6 à 2 heures du matin", confie le barman. Son chef coupe court à l'échange : "S'il vous plaît, laissez-nous travailler, vous voyez bien que nous sommes débordés !"
Hommage aux victimes
Anticipant une forte pression médiatique pour cette réouverture, les gérants, Romain Debray et Audrey Bily, ont organisé une brève et émouvante conférence de presse à la mémoire des victimes. Une immense ardoise placée devant la porte d'entrée rend hommage aux familles touchées, à la police et aux secours avant de conclure sur la nécessaire reprise d'activité "afin d'avancer".
Assis en terrasse devant l'ardoise commémorative, Jean-Jacques Gauchet, 74 ans et sa femme Maryse, 67 ans savourent un café à l'endroit même où des consommateurs furent fauchés par les balles des terroristes. "Nous sommes des retraités de la RATP. Tous les jours nous passions devant ce bar pour rejoindre notre travail. La Bonne Bière, c'est un lieu important pour nous car un jour, de retour de Cabourg, complètement fauchés, les garçons de café furent secourables envers ma femme enceinte qui devait impérativement se rafraîchir de la canicule. En outre, en 1974 ou 1975, nous avions entendu des coups de feu au même endroit, car la police courait après le bras droit de Jacques Mesrine qu'ils avaient localisé rue Jacques Louvel-Tessier", se souvient Jean-Jacques Gauchet.
Publié par Francois PONT