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	du 13 janvier 2005	L'ÉVÉNEMENT

RENCONTRE AVEC GÉRARD COLLOMB, MAIRE DE LYON

"LA VILLE AURA SON PALAIS DU GOÛT"

À quelques jours de l'ouverture du Sirha, Gérard Collomb, le maire de Lyon, situe l'importance de ce salon pour sa ville. Il évoque sa recherche de "gros porteurs" hôteliers et confirme son intention de créer un "conservatoire lyonnais des Arts culinaires".
Propos recueillis par Jean-François Mesplède

Gérard Collomb, maire de Lyon.

L'Hôtellerie Restauration : L'expression de Curnonsky, "Lyon, capitale de la gastronomie", vous semble-t-elle toujours d'actualité ?
Gérard Collomb : Le Sirha, la plus importante manifestation dans son domaine spécifique, est aussi l'une des plus importantes qui se déroule à Lyon, avec Lyon Mode City et Pollutec. Or, le Sirha correspond aux traditions profondes de la ville de Lyon, que l'on identifie effectivement volontiers à la gastronomie. Je pense qu'aujourd'hui, les gens sont avant tout à la recherche d'une certaine qualité de vie. Une enquête menée dans le réseau des Communautés urbaines de France permet de souligner que, parmi les éléments attractifs de Lyon, la gastronomie vient en très bonne place. C'est une grande chance pour nous. Voyageant à travers l'Europe et pouvant voir la différence avec d'autres villes, d'autres pays à gastronomie riche ou pauvre, je me rends compte que c'est un élément d'attraction certain. Lorsque l'on fait un salon à Lyon, à Barcelone ou à Milan, il est évident que ce n'est pas la même chose.  

Le Sirha va drainer beaucoup de monde en remplissant hôtels et restaurants, mais ce n'est pas toujours le cas le reste de l'année. Comment réagissez-vous à cela ?
Le problème est de développer toujours davantage les événements qui peuvent permettre un taux de remplissage plus important pour les hôtels dans une période de l'année plus large. Outre les salons, lorsque l'on crée un certain nombre d'événements, des Nuits Sonores à Quai des Guinguettes en passant par le festival du Polar - qui se déroulera au printemps prochain -, que l'on réussit la Fête des Lumières, il est évident que l'on attire du monde à Lyon. Ces politiques événementielles et de salons doivent être systématiquement poursuivies, et je pense que, de ce point de vue, le palais des congrès, dans sa configuration de Salle 3000, va contribuer à apporter des événements supplémentaires dans notre ville.

Est-ce la réponse donnée aux hôteliers se plaignant qu'il ne se passe rien à Lyon ?
Cette affirmation est très caricaturale. Quand on regarde le nombre de salons et d'événements, on se rend compte que notre métropole a une vie très intense en la matière. Cette critique me semble vraiment très légère.  

Mais avez-vous le sentiment que Lyon remplit sa vocation de ville internationale ?
Lorsque je regarde ce qui a été réalisé en 3 ans, je me dis que nous n'avons pas trop mal progressé. Nous n'étions rien dans le réseau des villes et nous sommes désormais à la vice-présidence d'Eurocités, qui réunit les 120 plus grosses métropoles européennes. Si les grandes villes nous choisissent - cette année, nous étions en compétition avec La Haye -, c'est que nous commençons à compter et que Lyon est considérée comme une métropole rayonnante où se mène une politique active. Nous faisons également partie du comité directeur de la nouvelle Association de villes mondiales et nous sommes la seule ville européenne dans le réseau asiatique City Net présidé par le maire de Yokohama, que je viens de recevoir à l'hôtel de ville. Lorsque nous organisons de grandes manifestations comme le Sommet contre la fracture numérique avec 200 maires présents ou la réunion des maires palestiniens et israéliens, nous jouons bien un rôle international.

Est-ce de nature à attirer les enseignes internationales hôtelières qui semblent éprouver une réticence à venir
à Lyon ?
Nous allons arriver à contourner cet obstacle, et je suis persuadé que ceux qui ne sont pas venus aujourd'hui viendront demain lorsqu'un certain nombre de projets seront réalisés, comme la Salle 3000 du palais des congrès, le Confluence ou le Parc technologique. Nous n'avons pas de souci à nous faire de ce côté-là. Je vais aller prospecter moi-même dans un certain nombre de pays, y compris dans les Émirats, pour trouver quelques investisseurs qui ont envie de miser sur Lyon.  

Autre préoccupation des professionnels, la TVA à 19,60 %. Qu'en pense le parlementaire ? [NDLR : Gérard Collomb est également sénateur du Rhône]
Il faut bien évidemment permettre que la TVA puisse baisser dans la restauration. C'est quelque chose d'extrêmement important et l'on pousse le vice et le paradoxe à l'extrême avec la restauration rapide, moins imposée que la gastronomie.
Dans votre programme électoral figurait la création à Lyon d'une Université du Goût, devenue Palais du Goût⁽¹⁾. Est-ce toujours d'actualité ?
Ce projet n'est pas tombé aux oubliettes, et si nous n'avons pas avancé, c'est pour des raisons techniques liées au lieu d'implantation. Je sais qu'à proximité du palais Saint-Jean, l'évêché va vendre une partie de son patrimoine, et peut-être aurons-nous dans le projet Confluence l'opportunité de trouver un lieu adéquat. J'ai l'assurance que la Région s'impliquera avec nous et je pense qu'il n'est pas trop tard pour mener à bien ce projet.

Vous êtes un client assidu des restaurants. Avec quel regard ?
En y déjeunant et dînant pratiquement tous les jours, je suis quasiment un chroniqueur gastronomique des restaurants lyonnais. J'aime bien manger et j'apprécie les choses pas trop sophistiquées où l'on peut reconnaître les goûts des différents produits, même s'ils sont traités avec une certaine hardiesse.

Prenez-vous le temps de cuisiner ? Si oui, quel cuisinier êtes-vous ?
J'ai parfois ce plaisir et tout commence par le bonheur de faire le marché. Je compose alors le menu en fonction des produits que je découvre. Je suis un cuisinier méticuleux. On ne peut pas dire improvisateur, mais pas mathématicien non plus ! Ma façon d'être laisse plutôt la place à l'inspiration. J'aime faire la cuisine en variant les choses…

(1) Ce projet devrait regrouper un musée, une bibliothèque, un lieu d'exposition, de rencontres, de démonstrations et d'encouragement à toute initiative privée visant à maintenir le leadership de Lyon en matière de gastronomie, en associant le secteur économique lié aux arts de la table, les commerces et enseignes spécialisés, les écoles hôtelières et les chefs.

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L'Hôtellerie Restauration n° 2907 Hebdo 13 janvier 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE