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du 17 février 2005
CONJONCTURE

ANALYSE DE L'ÉVOLUTION DU MARCHÉ HÔTELIER NATIONAL ENTRE 2000 ET 2004

Les performances dépendent de l'économique national et international

En ces temps de vaches maigres, il faut savoir retrouver le sourire à tout instant. Après une année 2003 au cours de laquelle la rentabilité de l'hôtellerie française a été sensiblement affectée, la hausse quasi générale des revenus par chambre disponible (RevPar) enregistrée à la fin 2004 apparaît presque comme une bonne nouvelle (lire L'Hôtellerie Restauration n° 2911). Et pourtant, à y regarder de plus près, mieux vaut éviter tout triomphalisme. Les performances réalisées demeurent en effet très éloignées de celles observées en 2000. Explication détaillée avec Philippe Gauguier, directeur général délégué de BDO MG Hôtel & Tourisme.
Propos recueillis par Claire Cosson


Philippe Gauguier, directeur général délégué de BDO MG Hôtel & Tourisme : "Certains facteurs macroéconomiques ont eu un impact indéniable sur l'évolution des performances hôtelières en France au cours des 4 dernières années."

L'Hôtellerie Restauration : Quel regard portez-vous sur l'année qui vient de s'écouler ?
Philippe Gauguier, directeur général délégué de BDO MG Hôtel & Tourisme : Les perspectives d'activité semblaient prometteuses pour 2004 : embellie de l'économie américaine, reprise des investissements au Japon, prévisions à la hausse du PIB français… Malgré cela, le dernier exercice s'est soldé par une croissance relativement modeste pour l'hôtellerie française.
Bien sûr, les revenus par chambre disponible (RevPar) ont globalement été meilleurs que ceux de 2003. À Paris, cet indicateur a ainsi progressé de 3,9 % pour le haut de gamme, tandis que le RevPar de l'hôtellerie moyenne gamme s'améliorait de 2 %. Côté province, le revenu par chambre disponible a stagné sur le créneau 4 étoiles alors qu'il grimpait de 2 % sur le segment des 3 étoiles et de 3 % pour les hôtels économiques.
Par les temps qui courent, on pourrait se satisfaire de ces résultats. D'autant qu'un élément positif se dégage de ces données : excepté à Paris, le prix moyen chambre a sensiblement augmenté. Signe d'une reprise potentielle rapide. Reste que l'activité hôtelière ne peut plus s'analyser d'une année sur l'autre. Et quand bien même 2004 a été supérieure à 2003, on reste toutefois très éloigné des performances observées en 2000.

Quelles sont les tendances qui se dégagent en comparant les performances réalisées en 2004 à celles de 2000 ?
D'emblée, on constate une baisse conséquente des taux d'occupation. Celle-ci touche en premier lieu les établissements haut de gamme parisiens (- 13,9 %), mais la province n'échappe pas au phénomène : sa fréquentation a d'ailleurs chuté de 12 % en 4 ans pour le haut de gamme, et de 2,4 % pour le 3 étoiles.
En revanche, les prix moyens chambre ont tous positivement évolué. Une hausse qui s'avère extrêmement sensible en province : + 14,5 % pour les 4 étoiles, + 15,9 % pour les 3 étoiles et + 19,6 % pour les 2 étoiles. Dans la capitale, ce mouvement haussier apparaît de manière plus mesuré avec 5,2 % pour les unités haut de gamme, 4 % pour les 3 étoiles et 8,2 % pour les 2 étoiles.

Comment expliquez-vous l'évolution du marché hôtelier national entre 2000 et 2004 ?
Certains facteurs macroéconomiques ont eu un impact indéniable sur l'évolution des performances hôtelières en France au cours des 4 dernières années. À commencer par la croissance modérée du produit intérieur brut (PIB). L'hôtellerie travaille fortement avec la clientèle d'affaires. L'évolution de l'économie, que traduit la variation du PIB, joue
évidemment un rôle prépondérant dans l'activité hôtelière. Cet indice a progressé de 4,2 % en 2000, de 2,1 % en 2001, de 1,1 % en 2002 et de 0,5 % en 2003. Selon les premières estimations de l'Insee, la croissance du PIB atteindrait 2,3 % en 2004. Cette amélioration est à rapprocher d'une légère reprise de la demande qui se fait particulièrement sentir sur les hôtels situés au sein des principaux bassins économiques français ainsi que sur les catégories d'unités ayant un 'mix' clientèles faisant la part belle aux clients d'affaires.
Autre élément ayant impacté les performances de l'hôtellerie française : la parité euro/dollar, qui favorise les exportations américaines au détriment des productions européennes.
Le tout contribue à l'atonie des économies du Vieux Continent avec pour conséquence des effets néfastes sur l'industrie hôtelière hexagonale. Parallèlement, la faiblesse du dollar rend l'Europe et la France peu attractives pour les consommateurs américains mais aussi asiatiques. Il faut noter par ailleurs que la lutte contre le terrorisme et la guerre en Irak ont entraîné un renforcement des législations liées au séjour et au voyage dans de très nombreux pays, en particulier vis-à-vis des personnes issues du Moyen-Orient. Sans oublier bien sûr la hausse du prix du pétrole, qui, si elle demeure modérée pour le moment, pourrait avoir à long terme des conséquences lourdes sur les déplacements.  

Dans ce contexte, quelles sont vos prévisions pour 2005 ?
A priori, l'année 2005 devrait s'inscrire dans une tendance de reprise plus franche que celle observée au cours de 2004. Il n'en demeure pas moins vrai que toute prévision doit tenir compte de l'évolution des facteurs que nous venons d'évoquer. zzz20a

BDO

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L'Hôtellerie Restauration n° 2912 Hebdo 17 février 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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