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du 24 février 2005

ÉDITO

'Paris-beurre'

Ceux d'entre nous qui étudièrent à Paris dans les années 1960 (il doit en rester quelques-uns) n'avaient d'autre alternative à la pénible épreuve du Resto U que le… 'Paris-beurre', servi dans l'allégresse des bistrots du Quartier Latin avec l'amabilité traditionnelle du bougnat du coin. C'est dire si le choix pouvait se révéler cornélien (au moins, au Resto U, c'était chaud et il y avait les étudiantes) tant le Paris-beurre était le degré zéro de ce qu'on appelle aujourd'hui la consommation hors domicile. C'est d'ailleurs resté un emblème en voie de disparition de cette forme d'alimentation du pauvre vendue au prix fort dans les cafés qui n'ont pas vu venir les périls.

Souvenez-vous : un Paris-beurre, c'était un long morceau de baguette coupé par le garçon, parcimonieusement beurré par le couteau expert du patron - qui faisait preuve en ce domaine d'un incomparable professionnalisme -, une tranche du pain beurrée, bien sûr, pas les deux, et complétée d'une fine tranche de jambon de Paris. Enfin, pas toujours du jambon et de plus en plus de l'épaule, bien moins chère, mais aussi franchement plus mauvaise.

Pendant ce temps, de l'autre côté de la rue, s'ouvraient des formules bizarres venues d'un continent si lointain, ça s'appelait des 'fast-foods', autant dire le diable pour notre bonne vieille 'limonade' agrippée à ses juteuses traditions.
Il y avait même le boulanger d'en face qui avait senti le vent se détourner du Paris-beurre, et en profitait, le traître, pour garnir sa baguette avec des Ïufs durs, de la tomate, de la salade, du thon ou du poulet, bref, ce qui plaisait à la clientèle.

Face à la déferlante, les réactions furent… discrètes.
On se contenta de fustiger les vendeurs de hamburgers et de hot-dogs en les accusant d'être les promoteurs de la 'malbouffe', de ne pas payer la TVA, de ne pas respecter l'hygiène, ce qui ne les empêcha nullement de prospérer.

Enfin, il était temps, vint le sursaut qui permet aujourd'hui à tous les établissements de pratiquer des formes variées de 'petite restauration' (le mot 'petite' n'a rien de péjoratif) où le sandwich peut lui aussi gagner ou plutôt regagner ses lettres de noblesse et faire ainsi honneur à son créateur, l'amiral Sir John Montaigu, comte de Sandwich. Certes, vous n'êtes pas obligés d'en référer forcément aux créations de Ferran Adrià (encore lui !) qui vend aux Madrilènes des sandwiches au 'Pata negra' et asperges fraîches, ni de suivre les inventions savoureuses d'Alain Ducasse et d'Éric Kayser dans leur snobissime 'BE' (ça veut dire boulangépicerie), mais rien ne vous empêche de laisser libre cours à votre créativité. Le Salon du sandwich vous propose de multiples possibilités : essayez donc le 'peppadew' pour remplacer le cornichon dans le Paris-beurre. Tous les espoirs sont permis.   
L. H.

P.-S. : La 'petite restauration' peut conduire à de grandes réussites : à son décès en 2003, Joan Kroc, la veuve du fondateur de McDo, a légué 1,5 milliard de dollars à l'Armée du Salut… zzz80


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L'Hôtellerie Restauration n° 2913 Hebdo 24 février 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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