du 03 mars 2005 |
RESTAURATION |
FORMATION
Jean-Yves Corvez : "Je les ai rendus employables"
La bande-annonce de Oui Chef ! lui donnait le rôle du 'méchant'. 'Lui', c'est Jean-Yves Corvez, professeur de cuisine au lycée Santos Dumont de Saint-Cloud (92), qui a assuré la formation des jeunes durant 4 mois. Rencontre.
L'Hôtellerie Restauration : Vous avez beaucoup été critiqué, certaines
personnes allant jusqu'à dire que vos coups de gueule en cuisine donnaient une image
ringarde du métier
Jean-Yves Corvez : Ce qui me paraîtrait normal, c'est que les gens
qui ne sont pas de la profession aient ce genre de réaction. Or, il n'en a rien été.
Que d'autres, qui connaissent parfaitement les cuisines et savent ce qu'est un coup de feu
au moment du service, me reprochent mon comportement, je trouve cela aberrant. Durant
l'émission, j'ai continué à faire mes visites de stages chez les professionnels, et
j'ai été toujours bien reçu, encouragé. Ce que nous avons montré, c'est la réalité
des petits patrons indépendants, ce sont des gens qui travaillent énormément. Pourquoi
le cacher aux jeunes que nous formons ? On a bien recadré les choses en montrant que la
cuisine est un métier noble et que n'importe qui ne peut pas y travailler.
Avez-vous été soutenu par l'Éducation nationale ?
Pas de réponse.
Vous préparez, au lycée Santos Dumont, des élèves
au diplôme du CAP, au BEP, en 2 ans. Une formation 'longue' au regard des 4 mois
dispensés aux jeunes de Oui Chef !. Comment expliquer cette différence à vos 'vrais'
élèves ?
Mes élèves au lycée ont bien compris la démarche. Pour l'émission Oui Chef !,
elle consistait à rendre des jeunes employables. En aucun cas je n'ai eu l'ambition de
les former au CAP. Nous avons répondu à une formation spécifique, adaptée à un public
d'adultes avec bagage et passé professionnels complètement disparates sur une contrainte
de temps de 4 mois. Rien à voir avec le CAP, qui n'est pas seulement une épreuve
pratique, mais qui comporte également un enseignement général tout aussi important.
Quel est le niveau des 7 jeunes embauchés au
Quinzième ?
À la fin de la formation, il était nécessaire de leur faire passer une validation pour
voir où ils en étaient au niveau de l'acquisition des techniques. Nous sommes conscients
que notre programme est à parfaire, il a été établi sur 4 mois dans l'optique de
l'ouverture d'un restaurant. J'ai mis en place une évaluation 'maison' des acquis, dont
une partie reprend certains points du CAP, une autre du bac pro pour la partie
créativité, et parce que nous nous adressons à des adultes. Sur les 7 candidats, 4 ont
réussi du premier coup ce petit examen, 2 au second tour. Un seul l'a raté. Comme il
était hors de question de le laisser, il a été embauché en contrat de
professionnalisation en alternance entre le restaurant Le Quinzième et le lycée Santos
Dumont. Il prépare un CAP sur 2 ans.
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L'Hôtellerie Restauration n° 2914 Hebdo 3 mars 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE