du 17 mars 2005 |
LICENCE IV |
RENCONTRE EXCLUSIVE AVEC LA NOUVELLE PRÉSIDENTE D'INBEV FRANCE
Sabine Sagaert confiante dans l'avenir des bières en CHR
Armentières (59) Sabine Sagaert, 38 ans, vient d'être nommée à la présidence d'InBev France. Femme de tête ? Sans aucun doute, pour diriger un secteur réputé masculin. Comment perçoit-elle le marché de la bière en CHR ? Ses réponses sont celles d'une femme concrète et de terrain.
Propos recueillis par Sylvie Soubes zzz46b
Sabine Sagaert, la nouvelle présidente d'InBev France : "En CHR, les prix de vente sont trop élevés et les conditions de consommation laissent à désirer." |
L'Hôtellerie Restauration :
Comment percevez-vous la bière en France ? Ce secteur reste-t-il un univers d'hommes ?
Sabine Sagaert : En France, le secteur est resté trop longtemps
conservateur, sans innovations majeures et avec, c'est vrai, une image très masculine.
Mais les choses sont en train d'évoluer, en particulier depuis 3-4 ans.
Chez InBev, nous avons provoqué ce mouvement avec
des produits nouveaux, comme Boomerang, une malternative. Ou La Bécasse Extra Kriek,
une bière très fruitée. Tous deux sont présentés dans des packagings très
dynamiques et très jeunes, avec une nouvelle proposition gustative beaucoup plus
accessible. Le but : recruter de nouveaux consommateurs, avec de nouvelles
sensations, et de nouveaux codes qui s'inscrivent dans l'avenir. Bien sûr, nous voulons
nous adresser aux femmes, mais c'est à l'ensemble des consommateurs que les brasseurs
doivent désormais penser.
Le marché de
la bière est morose au coin du zinc. Pensez-vous qu'un retour à la croissance soit
possible à court ou moyen terme ?
Si le marché de la bière dans son ensemble est morose, les bières de spécialités,
elles, se portent bien et ce n'est pas un hasard. Depuis 2003, nous avons mis quatre
variétés de Leffe à table. Avec ce type de proposition, nous sommes en totale adéquation avec la demande. Il faut offrir
aux gens des moments de consommation qui prennent en compte l'évolution du mode de vie
des Français. Le consommateur français attend une contrepartie valorisante et
qualitative, dans un pays profondément viticole. Pour nous, brasseurs, c'est
difficile de valoriser un verre de bière, mais pas impossible. Il faut offrir des marques
qui s'accordent avec ces moments de consommation et Leffe, qui a une histoire et qui parle
terroir, se justifie tout à fait dans cette démarche. En CHR, il y a un problème
avec les prix de vente qui sont trop élevés et des conditions de consommation qui
laissent à désirer. C'est un fait que je constate. En tant que producteur, j'ai des
réponses à apporter. Parmi les réponses avancées par InBev pour redynamiser le
secteur, la qualité est un axe qui doit être travaillé. En janvier dernier, nous
avons lancé InBev Académie, un véhicule itinérant de formation des cafetiers aux
services : celui de la bière bien sûr, mais aussi tous les services qui améliorent les
conditions de dégustation de cette dernière. Il faut donc être plus créatif dans
l'approche du consommateur. La qualité, c'est essentiel : une bonne bière bien
servie, c'est extraordinaire. Une mauvaise bière, on l'oublie, tout comme
l'établissement dans lequel on ne revient jamais. Enfin, l'animation des marques est
un facteur qui doit être amplifié pour aider les cafetiers à mieux vendre. Plus de
qualité, plus d'animation, associés à une politique de prix adaptée... Le consommateur
comme le cafetier doivent s'y retrouver, pour faire revivre les cafés et les
bars. Et assurer leur croissance.
Quelles sont
les ambitions d'InBev en France ?
Le 'duopôle' de la distribution CHR auquel nous sommes confrontés en France ne nous
permet pas de développer nos marques de façon satisfaisante. Alors que nous
avons des produits demandés et appréciés des consommateurs, nous sommes pénalisés par
cette situation. La concentration ferme le marché et réduit donc nos possibilités
de les proposer à ces derniers. Ce constat mis à part, nos ambitions sont fortes. Par exemple avec bars&co,
notre réseau de bars à thème : nous allons poursuivre le développement
d'établissements de qualité dans lesquels les consommateurs auront la garantie de
trouver de bons produits, du service, des animations et une ambiance propice à la
détente. Vous le voyez, nos axes de développement sont multiples : des innovations,
des bières de spécialité, un programme Leffe à Table et, par dessus tout, la création
de nouveaux moments de consommation articulés autour de la qualité, du service et de la
convivialité.
InBev aujourd'hui InBev est le 1er brasseur mondial en volume. Le groupe est né de la combinaison entre le Belge Interbrew et le Brésilien AmBev. Fort d'un portefeuille de plus de 200 marques, InBev déploie ses activités dans plus de 30 pays, emploie près de 77 000 collaborateurs et a réalisé un CA net de 9,3 milliards d'euros en 2003. En France, InBev compte 1 700 collaborateurs avec un CA de 442,9 ME et 2,6 millions d'hectolitres de bière. InBev France occupe la 3e position du marché avec les marques Abbaye de Leffe, Stella Artois, Hoegaarden, Boomerang et Guinness. Dernier lancement en date, le 1er mars dernier : la Leffe Rossa, une bière aux saveurs printanières, aux reflets roux, au caractère fruité et doux. "Le lancement de cette bière inédite invite les consommateurs à une nouvelle dégustation riche en goûts et en couleurs." Son lancement est accompagné d'un kit d'animation spécifique, comprenant une PLV et une offre promotionnelle de snacking. L'occasion de séduire de nouveaux consommateurs. zzz46b |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2916 Hebdo 17 mars 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE