du 26 mai 2005 |
CARRIÈRE |
Jean-Luc Beaufils
Réflexion, conception, production
"Le fait de pouvoir se creuser les méninges en amont de la production pure est stimulant et donne de lélan pour aller plus loin encore dans la progression professionnelle." |
Avoir carte blanche pour réaliser des "choses
simples et raffinées" en adéquation avec le concept 'bistro-terroir-moderne'
voulu par la direction. Voilà ce qui plaît à Jean-Luc Beaufils, 29 ans et chef de
cuisine du restaurant L'Ami Marcel. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cela lui
réussit puisque l'établissement a obtenu un bib gourmand dans l'édition 2005 du guide Michelin,
soit 6 mois après l'ouverture de l'établissement par son patron Éric Martins
(ex-maître d'hôtel chez Lucas Carton).
Le jeune Normand a fait son apprentissage du métier
en alternant cours à l'Icep-CFA de Caen, et pratique dans les cuisines du chef étoilé
du Manoir de la Drôme à Balleroy (14), Denis Leclerc. "Technique, rigueur,
respect des produits et amour du métier", voilà en résumé ce qu'il a retenu
de ses 5 années d'apprentissage. Entré comme apprenti commis à 17 ans, il en sort
second de cuisine, fort d'un acquis général et de haute qualité. "J'y ai appris
les préparations froides et chaudes (entrées, poissons, viandes, foie gras
), et la
fabrication des pains, pâtes, pâtisserie et sorbets, le tout dans le style gastronomique
de l'établissement", se souvient Jean-Luc qui quitte l'établissement à 22 ans
pour cause de service militaire
au mess de l'Élysée. Depuis, il n'a plus quitté
Paris, et c'est dans les coulisses d'établissements de renom qu'il va se perfectionner.
À commencer par les cuisines de Christian Le Squer, au restaurant Le Doyen (aujourd'hui 3
étoiles au Michelin).
Embauché comme demi-chef de partie, il découvre un poste de spécialiste, où chaque
étape de la réalisation d'un plat a été pensée dans les plus minutieux détails, et
où l'aspect esthétique revêt une importance particulière. "J'ai appris à
être très précis et pointilleux, et à travailler couramment des produits luxueux tels
que la truffe et le caviar. Mais à l'époque, je voulais avancer vite. Pour obtenir plus
rapidement un poste de chef de partie, j'ai démissionné au bout d'un an. Avec le recul,
je pense que c'était trop court pour bien m'imprégner de la méthode de travail du chef,
et acquérir les automatismes qui permettent d'être suffisamment rapide et performant
tout en étant capable d'apprendre de nouvelles choses", confie Jean-Luc
Beaufils. Malgré tout, il progresse vite : 6 mois plus tard, il est chef de partie chez
Hélène Darroze, et en septembre 2001, il intègre les cuisines de l'Hôtel Ritz. Un an
au poisson, autant à la viande et au garde-manger, lui suffit pour bien cerner
l'organisation d'une cuisine de palace, avec, à la base, une cuisine centrale, et en bout
de chaîne, plusieurs points de vente, dont le restaurant gastronomique L'Espadon (1
étoile Michelin). Mais ce qu'il apprécie le plus alors, c'est de se sentir
véritablement associé à un travail d'équipe, avec possibilité de réfléchir à la
conception de nouvelles cartes en collaboration avec le directeur exécutif des cuisines,
Michel Roth. Pas étonnant donc que le jeune ambitieux ait eu envie de prendre son envol
comme chef de cuisine. "Aujourd'hui, je ne décroche jamais vraiment, même chez
moi, sauf peut-être à la coupure où je me réserve un temps pour une sieste."
Réflexion, conception, production, en étroite collaboration avec le patron. C'est en
substance la manière dont il conçoit son poste aujourd'hui. Et après ? "Chef
directeur associé dans un restaurant ou propriétaire de mon restaurant. Mais on verra,
cela dépendra des opportunités", confie-t-il. Un talent à suivre. zzz54m
Parcours express
15-18 ans CAP-BEP (Icep-CFA de
Caen), apprenti au Manoir de la Drôme à Balleroy (14)
20 ans Obtention du brevet professionnel,
second au Manoir de la Drôme à Balleroy (14)
23 ans Demi-chef de partie au Restaurant Le Doyen (Paris VIIIe)
24 ans Chef de partie au Restaurant Hélène Darroze (Paris VIe)
puis au Ritz (Paris Ier)
28 ans Chef de cuisine à L'Ami Marcel (Paris XVe)
Aperçu
de ses responsabilités
- Élaboration des menus et de la carte en
collaboration avec le patron
- Commande, réception et contrôle des matières premières
(qualité et quantité)
- Gestion des ratios coût-matière
- Supervision du travail de son équipe (1 apprentie, 1 commise, 1 plongeur)
- Responsabilité du poste 'chaud' pendant les services du midi et du soir
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L'Hôtellerie Restauration n° 2926 Hebdo 26 mai 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE