Insertion
professionnelle des jeunes
êtes-vous prêts à embaucher des jeunes non qualifiés ?Pierre Roudgé Restauration du Grand Hôtel Prouhèze, Aumont-Aubrac
(48)
Former sur le tas des jeunes non qualifiés ? Mais on le fait tous les jours !
Puisque les élèves qui sortent des écoles hôtelières sont totalement incompétents.
Ils ont appris à préparer une côte de porc charcutière et à faire un peu de gestion,
mais je considère que leur véritable formation commence quand ils arrivent dans nos
cuisines. Il y a une énorme hypocrisie à croire que les titulaires d'un brevet d'école
hôtelière sont en mesure de travailler dans nos restaurants dès la sortie du lycée. Il
faudrait d'ailleurs se demander pourquoi 70 % des jeunes qui obtiennent leur diplôme
quittent la profession après quelques années ou quelques mois. La formation commence au
premier jour de travail dans le restaurant, et il faut au minimum 3 ans de pratique pour
former un chef de partie ; sauf évidemment à la télévision, où la formation se fait
en 3 mois, ce qui relève sans doute de la magie. Au lieu de servir ce genre d'ineptie,
qui ne fait que rajouter au gâchis des formations telles qu'elles sont dispensées dans
les écoles, on devrait aussi inculquer l'idée que l'on ne cesse jamais d'apprendre tout
au long de sa carrière, mais c'est une autre question
Philippe Polla L'Actuel, Paris (75)
Oui, je suis prêt à embaucher des jeunes non qualifiés. Ce n'est pas une
question de rémunération. Vous savez, il y a un tel manque de personnel
Autant
former quelqu'un à sa manière de travailler. Au moins, il n'aura pas pris de mauvais
plis dans d'autres maisons.
Didier Arranger Bistrot du Boucher, Chelles (77)
Non, je préfère former des apprentis et les embaucher après. Cela fait 15
ans que je suis formateur. Si vous prenez des jeunes qui n'ont jamais travaillé jusqu'à
20 ans, que vous les formez et que vous les payez
Franchement, ce n'est pas
évident. On pardonne à un apprenti. Un employé que l'on paie et que l'on
forme
Pascal Piette Le Manoir des Hortensias, Bréal-Sous-Montfort (35)
Chez moi, pas un seul employé en salle ne vient d'une école ou n'est diplômé. Je
préfère former les gens sans qu'ils passent par les circuits traditionnels de formation. De toute façon, même si
cela s'est amélioré, les écoles nous envoyaient à une époque tous les mauvais ! Au
moins ceux que l'on forme sont motivés et ne te laissent pas sur le carreau au bout de 6
mois ! Je suis totalement pour le fait de former des jeunes sur le tard.
Éric Mazilly Gérant associé Hôtel-Restaurant du Commerce, Pouilly-en-Auxois (21)
Je n'ai pas attendu qu'un ministre prenne des mesures pour embaucher des jeunes
non qualifiés : je le fais depuis longtemps en raison de la pénurie de personnel. J'ai
recruté un jeune de 18 ans sans qualification, il y a presque 3 ans, et il est toujours
là. Bien sûr, toutes les personnes que j'ai pu recruter de la sorte n'ont pas fait
l'affaire et sont parties avant la fin de leur période d'essai.
Jean-Michel Zang El Theatris, Metz (57)
Oui, car le métier souffre d'une vraie carence de personnel. Les jeunes
formés en école hôtelière abandonnent parfois très tôt car c'est un métier
difficile. Cela dit, après un temps d'adaptation, un jeune, travailleur et sérieux,
pourra gagner correctement sa vie et les offres d'emploi ne manqueront pas. Je préfère
un jeune non qualifié mais réellement motivé à un jeune diplômé sans ambition,
quoique la motivation soit difficile à évaluer.
Éric Martin Le Royal, Metz (57)
Je n'ai rien contre, mais cela dépend du jeune, de sa volonté et de son
courage. C'est un métier qui demande beaucoup de passion, et la volonté de travailler
quand les autres se reposent. Je suis conscient que cela demande des sacrifices, mais si
la passion est là, elle peut pallier l'absence de qualification, du moins au début
!
Benoît Macé L'Auberge du Donjon, Bazoges-en-Pareds (85)
Oui, et ça m'est déjà arrivé. Dans la mesure où le jeune est motivé,
c'est tout-à-fait faisable. Il faut avant tout qu'il ait la passion, dans un métier, où
même si les choses ont changé, on n'a pas trop d'horaires. Je veux donc bien former
quelqu'un, mais il faut aussi que je puisse le faire financièrement. Tout le problème
est là, c'est le nerf de la guerre. Si on passe enfin la TVA à 5.5 %, j'aurais les
possibilités d'embaucher quelqu'un, et pourquoi pas un jeune non qualifié. zzz16 zzz68p |