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du 15 juillet 2005
ÉDITO

Coup de vieux

Pour la troisième fois en 15 ans, après 1992 et 2008,Paris voit sa candidature à l'organisation des Jeux olympiques de 2012 retoquée sèchement.
Une telle persistance dans l'échec devrait nous conduire à nous interroger sur nous-mêmes avant d'attribuer à d'autres la cause de nos déboires.

Comme tout ou presque a été dit sur la décision du CIO,la semaine dernière à Singapour, inutile d'y revenir, surtout si c'est, hélas, pour jouer les mauvais perdants et accuser l'Angleterre de bien mériter son titre de 'Perfide Albion'.

En revanche, ce devrait être l'opportunité de consentir à un effort d'introspection et essayer de comprendre ce qui ne va pas dans notre douce France qui n'inspire guère le reste de la planète, c'est le moins qu'on puisse dire.

Et encore, il s'agit en l'occurrence d'un avertissement sans frais, car perdre l'organisation des JO n'est pas une catastrophe nationale. Les Londoniens sont malheureusement bien placés pour savoir qu'il peut arriver des événements bien pires.

En fait, le mal ne date pas d'hier, et ne concerne pas spécialement notre esprit sportif qui relève davantage du chauvinisme épisodique que de la volonté de vaincre et de se dépasser qui font la force des nations anglo-saxonnes. Revenons à Londres et essayons de comprendre : selon les estimations les plus mesurées, il y aurait plus de 500 000 'petits Français' à travailler dans la capitale britannique, dans la finance, la communication, le design, l'architecture, la pub… et l'hôtellerie ou la restauration.

Mais les temps ont changé : autrefois, un jeune cuisinier partait outre-Manche pour apprendre l'anglais (pas la cuisine) avant de se lancer. Aujourd'hui, de jeunes entrepreneurs fuyant la sclérose hexagonale ont littéralement colonisé South Kensington ou Notting Hill (pas seulement pour le fantôme de Julia Roberts), et y réalisent ce qu'ils n'auraient pu faire chez nous.
Les enseignes évocatrices des délices culinaires de la Provence ou du Périgord animent les rues de Chelsea ou de Marylebone, où ne se retrouvent pas que les joueurs de foot d'Arsenal.

Bref, la 5e ou 6e ville française de la planète respire, attire de plus en plus de jeunes, affiche une prospérité inconnue de ce côté-ci du Channel. Les grands noms de la cuisine, de Pierre Gagnaire aux frères Pourcel y tiennent enseigne, alors que des sommeliers ou des commis formés chez nous y font carrière. Quant aux sujets de sa très Gracieuse Majesté, ils achètent en Dordogne ou dans l'Aude de vieilles bâtisses à retaper : dans un pays vraiment très vieux.
L. H. zzz80

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L'Hôtellerie Restauration n° 2933 Hebdo 15 juillet 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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