du 6 octobre 2005 |
CONJONCTURE |
FACE À UN RECUL DU TRAFIC TRANSMANCHE
La profession souffre à Calais
D'une année sur l'autre le passage des excursionnistes britanniques ne cesse de reculer à Calais. Des problèmes de passerelles au port n'ont rien arrangé ce premier semestre.
Pierre Nouchi, président du Syndicat des CHR Nord-Pas-de-Calais. |
Le
trafic transmanche passagers du port de Calais a reculé de 17,3 % au premier semestre
2005. Les traversées de passagers en long séjour n'ont reculé 'que' de 8,7 %, mais le
trafic des excursionnistes s'effondre de 30 %, après 3 années consécutives de baisses
importantes. Bémol à ce constat, une bonne part de la baisse provient d'un double
sinistre. En effet les ferries ont été gravement handicapés pendant deux mois et demi
par la mise hors service de 2 passerelles. Depuis fin mai, la situation est revenue à la
normale. Les résultats d'Eurotunnel sont meilleurs sur la période. Le lien fixe annonce
des progressions de 1 % en trafic voitures, et 34 % en transport d'autocars. Mais ce très
relatif succès concerne peu l'excursion locale. Or, les courts séjours destinés en
grande part autrefois aux achats de tabac, vins et autres denrées, sont les plus
importants pour les cafés et restaurants de la ville.
Sinistres mis à part, le marché décline en
profondeur. La concurrence de l'aviation low cost, la remontée en France des taxes sur le
tabac après l'abolition du duty free, l'euro fort, et peut-être la moindre attractivité
de la destination France aux yeux des Britanniques accélèrent encore le processus.
Depuis 2000, les restaurateurs et
cafetiers calaisiens ont perdu 700 000 clients de passage.
"En 2004, nous avions perdu 3 à 4 % de
chiffre d'affaires, compte Pierre Nouchi, président du Syndicat des CHR du Calaisis. Mais
nous étions prêts à nous battre. L'accident de passerelle du 8 février a été un coup
de massue. Nous avons vécu des semaines très difficiles. Sur près de deux mois, nous
avons perdu 60 % de chiffre d'affaires. Mais au fond, c'est tout le marché qui devient
structurellement peu porteur. Nous avions vécu sous un robinet de clientèle qui avait
toujours coulé. Il y avait toujours du passage. à présent il faut lutter, s'organiser,
se replier sur les marchés belges et néerlandais en attirant avec de très bons produits d'appel et travailler
ensemble la destination touristique. La concurrence s'accroît. Déjà, les entreprises
les plus fragiles disparaissent." Les hôtels ont moins directement souffert, mais
sont aussi très concernés. Olivier Houtte (Holiday Inn Coquelles), président du Club
hôtelier, constate que le flux régulier et permanent n'existe plus. "Notre
réplique consiste à travailler le marché pour doubler la durée de séjour de 1 à 2
nuitées, explique-t-il. Nous sentons déjà un frémissement du côté de la
clientèle belge." De lieu de passage automatique et obligé, le Calaisis
s'organise donc pour tenter de devenir une destination touristique, tout en mettant en
valeur une situation géographique qui reste exceptionnelle.
Alain Simoneau zzz70
En
chiffres
L'hôtellerie souffre moins que la
restauration et les cafés. Selon l'observatoire de l'hôtellerie du Calaisis, tenu par la
CCI, le TO moyen du parc du ressort consulaire (1 800 chambres à 80 % à Calais et
périphérie) a atteint 62,5 % en 2004, 53,8 % de janvier à mai 2005 et 70,2 % en juin
2005. La clientèle britannique représente 70 % de l'occupation en ville, 75 % sur le
littoral et plus de 80 % en hôtellerie rurale.
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L'Hôtellerie Restauration n° 2945 Hebdo 6 octobre 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE