du 20 octobre 2005 |
JURIDIQUE |
FACE À DE MULTIPLES PIÈGES
BIEN GÉRER LES TRAVAUX DE RÉNOVATION
Il ne se passe pas une journée sans qu'un exploitant, un créateur ou un repreneur de CHR s'engage dans un projet de travaux. Quelle que soit la nature des travaux - rénovation, mise en conformité, mise en sécurité, embellissement, extension, création - les pièges sont nombreux . Les conséquences sont souvent catastrophiques. L'Hôtellerie Restauration fait un point sur un sujet qui intéresse chaque année plusieurs milliers d'établissements.
Les exploitants des CHR peuvent se former à la gestion des travaux : en effet, ces derniers font appel à de nombreux acteurs et s'inscrivent dans un environnement réglementaire complexe. C'est la raison pour laquelle il convient de pouvoir identifier les compétences des différents intervenants. |
L'Hôtellerie Restauration : Quels
sont les pièges à éviter avant de démarrer des travaux ?
Cefiss : La liste pourrait être très longue ! Je donnerai seulement trois exemples
pour illustrer une partie du problème que nous rencontrons chaque jour. Malheureusement
les exploitants des CHR sont bien souvent les victimes de leur architecte, de leur maître
d'oeuvre et des entreprises qui se disent au demeurant spécialisées ou agréées !
Un exploitant de CHR missionne en toute confiance
son projet à un architecte ou à un maître d'oeuvre.
L'architecte qui va confondre les procédures administratives déposera une déclaration
de travaux exemptés de permis de construire prévue par l'article L 422-2 du Code de
l'urbanisme alors que les travaux dans un CHR (comme dans tous les ERP) ne peuvent être
entrepris qu'après autorisation du maire ou du préfet de police pour Paris.
De ce fait, le maître d'ouvrage (l'exploitant ou le propriétaire selon les cas) va faire
exécuter des travaux qui bien souvent ne seront pas conformes, alors que si la procédure
de demande d'autorisation de travaux avait été respectée, la commission de sécurité
et d'accessibilité aurait vérifiée la conformité des travaux projetés au moment de
l'étude du dossier en examinant les plans et les notices de sécurité et
d'accessibilité.
Ainsi, les artisans, les entreprises vont réaliser des travaux non conformes qui
aboutiront à des recours en justice pour demander réparation des préjudices subis. Les
cauchemars commencent alors, frais de justice, perte d'exploitation, etc. autant prévenir
que guérir et souscrire notamment une bonne assurance.
Exemple n°1
: Travaux de rénovation d'un hôtel
Un hôtelier confie la rénovation
globale de son hôtel à un architecte qui oublie de déposer une demande d'autorisation
de travaux prévue à l'article R.123-23 du Code de la construction et de l'habitation.
L'architecte oublie de prévoir l'encloisonnement de
l'escalier et d'étendre la détection incendie aux différents locaux à risques.
L'exploitant règle une facture de 800 000 E et n'obtient pas l'avis favorable à
l'ouverture de son établissement après 4 mois de travaux.
Il est donc nécessaire de casser, de refaire l'électricité, de changer tout le SSI car
le SSI actuel ne peut pas prendre en compte une autre boucle de détection, l'éclairage
de sécurité doit être changé. Bref, la facture s'élève à 140 000 E de plus et deux
mois de travaux supplémentaires sont nécessaires.
L'exploitant subit une perte d'exploitation considérable et éprouve des difficultés
pour financer les 140 000 E restants.
L'exploitant nous contacte et lui apportons une assistance technique et réglementaire
pour constituer le dossier de demande d'autorisation de travaux, nous réalisons la
mission de coordination SSI et rédigeons la notice de sécurité et la notice
d'accessibilité.
Nous présentons le projet de travaux de mise en
sécurité de l'établissement à la commission de sécurité 4 mois après le début des
travaux alors que cette demande obligatoire devait être effectuée 2 à 3 mois avant le
début des travaux !
Malheureusement, force est de constater que de nombreux exploitants de CHR sont victimes
de cette situation !
Dans un deuxième temps, nous assistons l'exploitant du CHR dans le cadre d'une expertise
pour qu'il obtienne réparation du préjudice économique subit dont la responsabilité
est imputable à l'architecte et/ou aux entreprises ayant réalisé des travaux non
conformes.
Exemple n°2
: Travaux de rénovation d'un hôtel
à la suite d'un incendie
Une entreprise réalise des travaux
de rénovation dans une chambre au rez-de-chaussée de l'hôtel. Un des ouvriers met
accidentellement le feu dans cette chambre. Personne n'a appris à utiliser les
extincteurs, le feu se propage en moins de 10 minutes à l'ensemble de l'escalier.
La toiture est détruite et le bâtiment est fermé
depuis plus de un an.
Un architecte est missionné par le propriétaire pour reconstruire l'hôtel. L'architecte
confond encore une fois la procédure de déclaration de travaux exemptés de permis de
construire et la demande d'autorisation de travaux. Une entreprise générale du bâtiment
devient maître d'oeuvre et réalise des travaux non conformes ! Trois mois avant la fin
présumée des travaux, le maire notifie au maître d'ouvrage un arrêté d'arrêt des
travaux !
L'exploitant inquiet de ne pas pouvoir rouvrir son hôtel alors que le propriétaire lui
demande une contribution financière de plus de 400 000 E demande au Cefiss de l'assister.
Nous découvrons alors les manquements à ses obligations de respecter les procédures de
demande d'autorisation de travaux. Malheureusement, le mal est fait ! Il faut refaire une
partie du gros oeuvre alors que les entreprises de décoration en sont à la finition !
C'est malheureusement le début d'une longue procédure judiciaire pour établir les
responsabilités et permettrent à notre hôtelier d'obtenir une indemnisation du
préjudice économique qu'il subit.
Exemple n°3
: Travaux d'extension d'un restaurant
Un restaurateur fait aménager un
sous-sol en salle de restaurant. Il décide d'assurer lui même la maîtrise d'oeuvre. Il
contacte différentes entreprises qui lui établissent des devis. Il décide alors de leur
confier différents lots, notre restaurateur se réservant les travaux d'électricité.
Aucune demande d'autorisation n'est encore une fois déposée en mairie. Un serveur chute
dans l'escalier. L'inspection du travail est saisie. Très rapidement, la situation
s'envenime et la mairie demande le passage de la commission de sécurité et
d'accessibilité.
Les conclusions
sont les suivantes :
L'établissement était exploité en infraction pour le sous-sol qui n'a jamais fait
l'objet d'une demande d'autorisation de travaux.
Alors que le restaurateur avait aménagé 40 places, l'escalier n'était pas suffisamment
large et les portes de l'établissement ne s'ouvraient pas dans le sens de l'évacuation !
Le maire prononce un arrêté de fermeture. Le restaurateur a investi 85 000 E dans des
travaux inutiles puisqu'ils n'étaient pas conformes. Il ne rentabilisera jamais son
investissement. Dans ce cas, Il n'a aucun recours ni contre un maître d'oeuvre, ni contre
un architecte, lui seul ayant voulu tout gérer, pensant tout connaître et voulant faire
des économies.
L'établissement est en vente mais le fonds de commerce ne peut être évalué sur la
surface globale puisque le sous-sol ne peut pas être exploité entièrement.
Le restaurateur nous a contacté un peu tard malheureusement. Nous tentons des actions en
réparation contre les entreprises ayant réalisé des travaux en dehors de toute
autorisation pour défaut de conseil !
Ce type de situation est quotidien.
Nous ne rappellerons jamais assez la nécessité d'étudier la faisabilité d'un projet et
de constituer un dossier de demande d'autorisation de travaux.
Quels
conseils donneriez-vous aux exploitants de CHR ?
Tout d'abord, ils peuvent se former
à la gestion des travaux. Se former à la gestion de projets est aujourd'hui
indispensable.
En effet, les travaux font appel à de nombreux
acteurs et s'inscrivent dans un environnement réglementaire complexe. Il convient donc de
pouvoir identifier les compétences et les relations des différents intervenants.
Aujourd'hui, répondre à la question qui fait quoi dans un projet n'est pas si facile.
C'est la raison pour laquelle nous avons organisé une formation spécifique d'une
journée au profit des patrons des CHR qui ont un projet de travaux. L'objectif est qu'ils
comprennent bien l'environnement réglementaire de leur établissement, les acteurs, les
responsabilités, les problèmes d'assurances, etc.
Nous souhaitons prévenir au maximum ces situations qui peuvent se révéler
catastrophiques. Nous organisons à Paris 2 sessions de formation sur ce sujet
spécifique, le 27 novembre et le 12 décembre.
Ensuite, je les incite à ne pas faire l'économie d'étudier la faisabilité de leur
projet. Nous avons instauré un service d'assistance à maître d'ouvrage. Nous
conseillons les exploitants ou les propriétaires avant de réaliser leurs projets.
Nous étudions la faisabilité du projet, nous analysons les offres des entreprises, nous
vérifions les assurances des entreprises et du CHR pour être bien sûr que le contrat
couvre les travaux réalisés, nous réalisons les plans de l'établissement, nous
rédigeons les cahiers des charges obligatoires et nous déposons la demande
d'autorisation de travaux.
Bien souvent, on nous contacte dans l'urgence. C'est le cas typique de l'exploitant qui
nous appelle après le passage de la commission de sécurité ou de l'inspection du
travail voire des services vétérinaires.
L'administration impose alors
certains travaux de mise en conformité sous peine de prononcer un arrêté de fermeture.
Ensuite, c'est l'affolement général ! Certains dans la précipitation font réaliser des
travaux qui ne seront pas conformes et le problème n'est pas résolu ! D'autres, plus
raisonnables prendront des conseils avisés. C'est le cas des exploitants qui nous ont
contactés après le passage de la commission de sécurité !
Citons l'exemple d'un exploitant auquel un capitaine
des pompiers exige dernièrement le remplacement d'un SSI alors qu'il est en état de
fonctionnement et différents travaux alors qu'ils ne sont pas prévus par la
réglementation !
Le Cefiss est
appelé en assistance et nous engageons un recours contre la commission de sécurité pour
sauvegarder les intérêts de l'exploitant.
Bien entendu, lorsque des travaux sont nécessaires, nous constituons le dossier de
demande d'autorisation de travaux dans le cadre d'une mission d'assistance à maître
d'ouvrage.
Formation : bien gérer un projet
de travaux dans un CHR Lieu : Paris |
Comment
se déroule une mission d'assistance à maîtrise d'ouvrage ?
La mission peut comprendre
jusqu'à 10 actions :
1. Bilan de
l'existant : On passe à la loupe l'établissement du point de vue des contraintes en
matière d'hygiène, de sécurité et d'accessibilité.
2. Étude du projet : On vérifie la faisabilité du point de vue technique et
structurel et réglementaire (bail, règlement de copropriété, règlement de sécurité,
règlement sanitaire, etc.)
3. Réalisation des plans aux normes : les exploitants ont du mal à comprendre que
ces plans doivent être conformes aux exigences de l'article R.123-24 du Code de la
construction et de l'habitation.
4. Coordination SSI : Lorsque les travaux portent sur le SSI, nous assurons la
mission de coordination SSI.
5. Rédaction des notices de sécurité, d'hygiène et d'accessibilité. Ce sont
les cahiers des charges que respecteront les entreprises et qui seront contrôlés par
l'administration.
6. Établissement d'un permis de feu lorsque les entreprises vont réaliser des travaux
dangereux. Ce permis permet de prendre les dispositions nécessaires notamment contre
le risque d'incendie pendant les travaux.
7. Assistance pour l'analyse des devis des entreprises et vérification de la
conformité des offres.
8. Assistance lors des visites de chantiers : Nous vérifions que l'architecte ou
le maître d'oeuvre respecte bien le plan d'action.
9. Assistance à la réception des travaux : Nous vérifions les rapports des
organismes de contrôle agréés et vous suggérons des actions à conduire.
10. Assistance lors du passage de
la commission de sécurité : Nous défendons vos intérêts lorsque la commission de
sécurité émet des avis ou des recommandations contestables.
Pour
quels types de projets de travaux pouvez-vous assister les CHR ?
Nous assistons les maîtres
d'ouvrage pour tous projets. Même si nous nous sommes fait une réputation de
gestionnaire de projets dans l'urgence, il n'en demeure pas moins que nous gérons tout
type de projet.
Nous traitons chaque projet, quelle que soit son
ampleur et sa spécificité, avec la plus grande attention.
Du simple remplacement du SSI à la transformation d'un hôtel en appartements ou en
auberge de jeunesse, en passant par la création ou transformation d'un restaurant, de
cabarets, de discothèques, d'établissements sanitaires, de cuisines professionnelles, de
complexes sportifs et de remise en forme, bref, nous assistons le porteur de projet durant
toute l'opération.
Quelle que soit la nature des travaux, rénovation, mise en conformité, mise en sécurité, embellissement, extension, création, transformation, réhabilitation, décoration, nous apportons une assistance technique et réglementaire pour prévenir les problèmes.
Quels
avantages peuvent tirer les exploitants de CHR d'une mission d'assistance à maîtrise
d'ouvrage ?
Les avantages sont multiples. Le
premier avantage est d'avoir un seul interlocuteur compétent tant sur le plan
réglementaire que technique qui conseillera l'exploitant durant toute l'opération. Nous
fonctionnons en pôle de compétences. Nous disposons des différentes compétences
internes pour constituer tous les dossiers de demande d'autorisation de travaux quelle que
soit l'importance des travaux. Le deuxième avantage est d'avoir la garantie de réaliser
des travaux conformes et d'éviter les recours judiciaires. Le troisième avantage est
d'avoir de la lisibilité sur le projet avant même de le démarrer.
Les trois exemples que nous avons cités illustrent
assez bien l'intérêt de la démarche. Mais nous laissons à chacun des exploitants le
soin d'identifier les avantages spécifiques dont il peut profiter.
Combien
coûte une mission d'assistance à maîtrise d'ouvrage ?
Les missions d'assistance à
maîtrise d'ouvrage débutent à 600 E HT pour un bilan sécurité sur site.
Le coût de nos prestations n'est pas indexé sur le
montant global des travaux.
F. Barthélémy, gérant du Cefiss zzz66s
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L'Hôtellerie Restauration n° 2947 Hebdo 20 octobre 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE