du 10 novembre 2005 |
ÉDITO |
L'envers du miroir Il n'est évidemment pas très original de constater que l'actuelle situation d'effervescence que connaît le pays est le reflet d'une société malade de n'avoir pas su traiter convenablement des maux qui ont pour nom chômage, précarité, communautarisme, échec scolaire, délinquance, insécurité, et autres problèmes de logement ou de conditions de vie. Aujourd'hui que le feu s'est violemment déclaré, il relève des pouvoirs publics de prendre à la fois les mesures immédiates pour faire revenir le calme et restaurer l'ordre républicain, et de proposer enfin des perspectives susceptibles, à terme, de rendre espoir à tous ceux qui sont attachés, président de la République en tête, à la cohésion nationale. Lourde tâche, certes, mais devenue urgente. Car pendant ce temps, la situation devient de plus en plus difficile pour les entreprises situées dans les zones 'chaudes' qui participent du maintien d'un tissu économique parfois abandonné par les pouvoirs publics. Quand des émeutiers brûlent des écoles, des autobus, des gymnases, ils s'en prennent d'abord à eux-mêmes et aux symboles de l'institution qu'ils refusent. Quand ils s'attaquent aux concessionnaires automobiles, aux entrepôts ou aux bistrots de leur quartier, ils renvoient involontairement l'image qu'ils perçoivent de notre économie. C'est pourquoi il faut rendre hommage aux milliers de PME
qui, dans les 'quartiers' ou les 'cités', participent quotidiennement de la vie
économique dans des conditions parfois difficiles. Quand un McDo ou un Courtepaille sont
victimes des incendiaires, c'est d'abord l'entreprise qui est pénalisée, dans ses
investissements, sa capacité d'embauche, sa fonction sociale évidente. Et puis, cette
crise nous apprend -au cas où nous l'aurions oublié - que nous n'avons guère d'amis
hors de nos frontières et que tout est bon pour dénigrer la première destination
touristique du monde, l'occasion étant trop belle de bousculer un classement convoité.
Dès les premières échauffourées, nos amis de la BBC ont dépêché leurs envoyés
spéciaux dans le '9-3' qui expliquaient devant une voiture en flammes (rien de mieux pour
'dramatiser' une info) qu'ils se trouvaient sur l'un des sites prévus pour les JO de 2012
si Paris les avait obtenus
Ayant oublié Lafayette, les reporters de CNN et de Fox
News, comme par hasard ceux que l'on voyait il y a quelques jours à Bagdad, décrivent
une situation apocalyptique, expliquant que la voie ferrée est coupée entre Roissy et
Paris. De quoi nuancer les propos apaisants de Léon Bertrand, notre ministre du Tourisme,
qui ne semble pas craindre de fortes retombées négatives sur les professions
concernées. Mais il ne faut pas désespérer : Maison de la France vient de lancer en
Chine une grande campagne sur le thème 'La France, le pays où il fait bon vivre', alors
que le Daily China fait sa une avec des écoles en feu. |
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L'Hôtellerie n° 2950 Hebdo 10 novembre 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE