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du 08 décembre 2005
RESTAURATION

LA RECOMPOSITION DE LA RESTAURATION PARISIENNE

GROUPE FLO POURRAIT ENTRER DANS LE GIRON D'ALBERT FRÈRE

Le milliardaire belge pourrait détenir 60 % du capital au terme de l'opération.


Pour 2005, Flo table sur un chiffre d'affaires de 305 ME.

137 millions d'euros, c'est la mise qui devrait permettre au consortium d'investisseurs composé de la holding d'Albert Frère, La Compagnie Nationale à Portefeuille (CNP), qui devient majoritaire (60 %), et de Tikehau Capital (40 %), société d'investissement créée à l'initiative d'entrepreneurs issus du monde de la finance, de prendre le contrôle du Groupe Flo (Hippopotamus, Bistro Romain, Brasseries Flo). Selon un communiqué publié le 5 décembre par la CNP, "l'accord de négociation exclusive avec les membres de la famille Bucher et la société Butler Capital Partners porte sur la cession par ces derniers de la totalité du capital de la Financière Flo, actionnaire de contrôle du Groupe Flo avec 55,6 % du capital et près de 59 % des droits de vote". L'accord d'exclusivité qui est valable jusqu'au 31 janvier 2006 concerne également la cession par Butler Capital Partners des obligations remboursables en actions émises par le Groupe Flo, "élevant le pourcentage transitif de détention du Groupe Flo par le consortium d'investisseurs à 66 % en données diluées". L'opération, d'après la CNP, valoriserait l'action à 6,61 E.
Le fonds d'investissement Butler Capital Partners entré au capital de Flo en mai 2003 empocherait, selon un article du Figaro, une plus-value de 58,5 millions d'euros. En octobre dernier, la famille Bucher et Butler Capital Partners, actionnaires majoritaires de Groupe Flo, annonçaient avoir confié un mandat de cession à la banque HSBC. Les deux nouveaux investisseurs indiquent vouloir, "en s'appuyant sur le management actuel, poursuivre les actions d'optimisation et de rentabilité du groupe tout en dynamisant l'activité commerciale et en relançant l'extension du parc".
Après Pierre et Jacques Blanc qui ont signé la semaine dernière un protocole d'accord de cession de leur groupe (12 grandes brasseries parisiennes et les 12 restaurants de l'enseigne Chez Clément) avec CDC Entreprise Capital, un fonds d'investissement géré par la Caisse des Dépôts et Consignations, et les ventes précédentes de Buffalo Grill aux fonds d'investissement américain Colony Capital et européen Colyzeo, et l'entrée d'investisseurs chez Léon de Bruxelles, l'heure est aux grands changements dans le paysage de la restauration française de chaîne.

Un problème de fiscalité et de transmission propre à la France ?
C'est l'avis de Didier Chenet, le président du Syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs (Synhorcat) et p.-d.g. de l'enseigne Oh !.. Poivrier ! Selon lui, l'arrivée des fonds d'investissement ou de pension sur le marché de la restauration résulte de 3 phénomènes : la transmission patrimoniale et familiale des affaires pénalisée par le système fiscal en vigueur en France, la réticence des banques à ne pas suivre les entrepreneurs dans leur souhait de développement, d'où le recours aux fonds d'investissement, et enfin, les connexions que ces nouveaux investisseurs ont sur les marchés étrangers. Car c'est sur ces derniers, toujours d'après Didier Chenet, que les enseignes vont dorénavant se développer le plus.

"Se structurer et se développer"
"C'est une bonne chose que les investisseurs s'intéressent au marché de la restauration", commente Frédérique Lardet, directrice du développement du Groupe Bertrand et présidente du Leaders Club. Elle poursuit : "La restauration va avoir les moyens de se structurer et de se développer. Les indépendants arrivent à une étape de transmission de leurs entreprises, c'est une juste logique des choses. Aujourd'hui, ces investisseurs vont nous donner les moyens d'aller plus vite. À nous d'être vigilants, car la progression de notre business ne passe que par la qualité."
Plus réservé, Mark Watkins, de Coach Omnium, se demande ce qui pousse ces nouveaux investisseurs à s'intéresser à la restauration. "Ou espèrent-ils trouver une rentabilité ?", questionne-t-il. Concepts déjà ficelés et ayant déjà fait leurs preuves ? Phénomène de masse dû à l'accélération du développement ? Dans tous les cas de figure, rien ne se fera sans la satisfaction des clients.
Lydie Anastassion zzz22t

"C'est la fin d'une génération, celle du terrain"
Bernard Boutboul, directeur associé de Gira Sic Conseil, cabinet de conseils en restauration, semble plutôt inquiet : "C'est la fin d'une génération, celle du terrain. Les fonds qui reprennent ces entreprises ne connaissent pas les métiers de service. Le marché de la restauration est un marché très fragile et compliqué avec une visibilité à très court terme. Comment peut-on parier sur 5 ans comme le font ces nouveaux investisseurs ? Cela me paraît déraisonnable. Je me demande aussi s'ils ne commettent pas une petite erreur de calcul. Les concepts actuels sont-ils porteurs de développement ? Je crois qu'ils se précipitent sur la restauration sans prendre en compte l'évolution de la consommation des clients et l'érosion de certaines marques. De plus, tous les bons emplacements sont déjà pris. Alors comment se développer et avec quels types de concepts ? Enfin, ces repreneurs oublient une donnée fondamentale : la main-d'oeuvre. Où va-t-on trouver tous ces managers capables de recruter une bonne équipe ? J'ai peur que leurs exigences en termes de chiffres ne cadrent pas avec les conditions de la pratique de la restauration."

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L'Hôtellerie Restauration n° 2954 Hebdo 8 décembre 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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