L'ECOFIN DU 6 DÉCEMBRE A
PERTURBÉ LES ORDRES DU JOUR
UN CONGRÈS 'TRÈS TVA' ET POUR
CAUSE
D'abord suspendus à l'Ecofin du 6
décembre, puis remontés par leur chef de file, André Daguin, jusqu'à descendre dans
les rues de Toulouse, les adhérents de l'Umih auront vécu un congrès ardent.
Par Sylvie Soubes et Pascale Carbillet - Photos
Thierry Samuel
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Mardi soir, après
le choc de l'annonce de l'échec des négociations à Bruxelles, André Daguin, remonte le
moral de ses troupes. |
Mardi matin 6 décembre, peu avant
l'ouverture officielle du congrès, la tension est immense dans les rangs de l'Umih.
L'aura ? L'aura pas ? Dans son enquête mensuelle, Les Echos annonce que 87 % des
Français attendent de Jacques Chirac qu'il respecte sa promesse de campagne en ramenant
la TVA à 5,5 % dans la restauration. La lecture du quotidien vient galvaniser les
troupes. Et André Daguin de rappeler : "La mesure nous avait été confirmée par
le Premier ministre, puis par le ministre du Tourisme, notre tutelle, à Brest. Ensuite
par Renaud Dutreil à Pau. Monsieur Sarkozy, alors ministre des Finances, est venu le
confirmer à son tour à Strasbourg." À chaque congrès son lot d'attente et
d'espoir. Celui de Toulouse va-t-il être celui de la concrétisation ? Le hasard du
calendrier a fixé le dernier Ecofin de l'année au 6 décembre. Bien malin qui peut dire.
André Daguin estime que la profession a rempli sa part du dossier. 2 jours fériés
supplémentaires, 6e semaine de congé, prévoyance à 0,80, suppression du
Smic hôtelier
"On a aussi augmenté les salaires de 16 % en 2 ans",
martèle-t-il. Certes, des aides ont été octroyées par le gouvernement. Mais
l'enveloppe - transitoire - couvre seulement un tiers des engagements sociaux. Mardi midi,
malgré la pression du terrain, les ministres des Finances européens bottent en touche.
Ils renvoient le dossier au sommet des chefs d'État des 15 et 16 décembre.
1200 professionnels présents en séance
plénière
Après un moment de stupeur, c'est
le branle-bas de combat qui l'emporte à Toulouse. Position désormais officielle de la
centrale de la rue d'Anjou : "La France doit décider d'appliquer unilatéralement
la TVA à 5,5 % à la restauration, qui est créatrice d'emplois et représente le 4e
secteur de l'économie." En fin de journée, 1 200 professionnels sont réunis en
séance plénière. La parole est au maire de la Ville rose, Jean-Luc Moudenc, qui admet
et partage la révolte des restaurateurs. Puis c'est à André Daguin de prendre le micro
sous le crépitement des flashs. Dans la salle, le silence est impressionnant. Très vite,
le Gascon regonfle ses troupes. Il propose immédiatement le vote à main levée d'une
motion. La profession "demande instamment que, faute d'une solution européenne
d'ici au 31 décembre 2005, le gouvernement français prenne ses responsabilités. Le taux
réduit peut être appliqué à la restauration de façon unilatérale. La subsidiarité
est possible dès lors que ce taux réduit n'est pas susceptible d'affecter le
fonctionnement du marché commun européen et la concurrence intracommunautaire. Son
fondement juridique est explicité à l'article 93 du traité fondateur de l'Europe. À
défaut, la profession en tirera les conséquences sur tous les plans", indique
le texte. L'approbation de la motion est accompagnée par une slave d'applaudissements.
Mercredi matin, Philippe Villalon, président de la Fédération nationale de la
restauration française et son conseil d'administration se réunissent en huis clos. "Ce
que vous déciderez, nous le ferons", leur répète André Daguin. Une nouvelle
fois, le blocage des institutions est envisagé. La dénonciation de la convention
collective aussi. Pour l'heure, Philippe Villalon préfère s'en tenir à l'échéance du
1er janvier 2006. "Je ne veux pas voir derrière le mur",
lâche-t-il. Lorsque l'assemblée générale de la branche reprend son cours normal, il
s'agit de montrer une nouvelle fois la détermination du secteur à "obtenir
justice". Et de battre le fer quand il est chaud. Les congressistes décident
d'entamer après le repas une marche jusqu'à la préfecture de Toulouse. Une
manifestation impromptue mais significative après celle du 28 novembre. Les CHR sont sur
les dents. Et pas au bout de la douche écossaise. Jeudi, nouvel épisode. Le député UMP
du Vaucluse, Thierry Mariani, qui est aussi
président du Groupe d'études sur les métiers de l'hôtellerie, de la restauration et
des loisirs, dépose "dans le cadre du projet de loi de Finances rectificative
pour 2005 un amendement visant à baisser la TVA à 5,5 % en restauration dès le 1er
janvier 2006". L'amendement est cosigné par plus de 200 députés. Pour Thierry
Mariani, "il convient désormais que le Parlement aide le gouvernement dans sa
volonté déterminée de tenir les promesses de notre président de la République Jacques
Chirac". Un tour de force qui n'est pas du goût du ministre des Finances,
Jean-François Copé. Stratégie inopportune selon lui. Et dégaine aussitôt en faisant
appliquer le 'bloque du vote'. Du jamais vu - ou presque - de mémoire d'hémicyle.
Étonnant surtout devant le nombre important d'élus signataires de l'amendement. Alors
que nous mettons sous presse, la délégation pour l'Union européenne de l'Assemblée
nationale doit présenter une résolution de soutien au gouvernement pour son action pour
la baisse de la TVA. La discussion est prévue mercredi 14 décembre à 16 heures "Les
députés vont ainsi pouvoir démontrer leur attachement à ce que le gouvernement
aboutisse", résume-t-on, non sans une pointe d'ironie, dans l'entourage de
Thierry Mariani. L'aura ? L'aura pas ? zzz74v
Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, venu soutenir la cause des restaurateurs.
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André Daguin dans le cadre pas toujours facile du parc des expositions.
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Guy Pressenda, président de l'Umih 31 accueille plus d'un millier de congressistes venu
participer à ce 6e congrès de l'Umih dans la ville de Toulouse.
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Congrès particulièrement chargé pour Dany Deneval, présidente de l'Umih Nord Lille, et
vice-présidente de la FNRF (Fédération nationale
de la restauration française), qui a dû partager son temps entre Umih Elle, la TVA et
les autres dossiers de la restauration traditionnelle.
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Philippe Delterme, directeur des affaires sociales et de la formation professionnelle, anime avec succès les ateliers de formation mardi et mercredi en
insistant sur le rôle de manageurs des élus vis-à-vis de leurs équipes syndicales.
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L'Hôtellerie Restauration n° 2955 Hebdo 15 décembre 2005 Copyright © - REPRODUCTION
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